Учебное пособие совместно подготовлено к изданию преподавателями кафедры иностранных языков №3 факультета иностранных языков и общеобразовательных дисциплин рудн

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Содержание


Un Etat faible sur un volcan en pleine éruption
Dur réveil à Boudionnovsk
Tout s'achète…
Enjeu important
Un "cordon sanitaire" autour de la Tchétchénie
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Un Etat faible sur un volcan en pleine éruption165


Le Soir " (vendredi 17 septembre 1999, Pol Mathil)

La guerre contre le terrorisme est toujours difficile. En Russie plus difficile qu’ailleurs, où la faiblesse de l’État et la corruption minent toute "résistance organisée".

ANALYSE

La terreur, pour les Russes, n'est pas un phénomène nouveau. Elle a accompagné toute l'histoire de leur pays. Sous les tsars, le terrorisme était pratiqué par des anarchistes et a surtout été dirigé contre les personnalités symbolisant le régime dont Alexandre II, le tsar en personne. L'Union Soviétique, Etat terroriste par excellence, n'en a jamais trop souffert grâce à sa police. En 70 ans de communisme, les Russes ont en revanche tout connu: la guerre civile, la guerre tout court, le goulag, les purges166, les exécutions. Mais les rares tentatives "classiquement" terroristes – détournements d'avion167, prises d'otages168 – n'ont jamais dépassé la rubrique des faits divers169.

Dur réveil à Boudionnovsk

Tout a changé en Russie post-soviétique. Le grand réveil se situe en juin 1995. C'est alors, dans la petite ville de Boudionnovsk, que les Russes ont pour la première fois découvert l'angoisse du terrorisme170. C’est dans cette ville du sud de la Russie qu'un obscur chef de guerre tchétchène, un certain …Chamil Bassaïev, a pris un millier d'otages. C'est après Boudionnovsk que les Russes ont compris que la guerre du Caucase se déroulait désormais sur leur sol.

Mais ils ne l'attendaient pas à Moscou. Certes, toute guerre contre le terrorisme est très difficile. Aucun Etat démocratique n'a jamais définitivement vaincu le terrorisme. Mais, en Russie, cette guerre est plus difficile qu'ailleurs.

Les terroristes ont choisi le moment d'attaque avec beaucoup de soins171: l'Etat russe est dans une phase de faiblesse particulièrement profonde, discrédité par les "affaires", miné par la guerre préélectorale de clans motivés plus par la soif du pouvoir que par l'intérêt du pays. Ses services secrets sont à cette image: alors que les informations concernant l'assaut terroriste172 sur Moscou circulent depuis des mois, ils se sont montrés incapables de le prévenir.

Obligé de quitter (provisoirement?) Moscou, ces terroristes ont bien choisi la cible suivante173. Volgodonsk, ville sinistrée (après l'abandon de la construction d'une centrale nucléaire), est en effet une des plus "criminelles" de la Russie. Et elle est proche du Caucase, sans doute base arrière des terroristes.

Tout s'achète…

Ces terroristes, quels qu'ils soient, savent que dans la Russie d'aujourd'hui, le roi, c'est l'argent, qu'on peut tout avoir pour le "tchernyi nal", le "cash noir". En 1995 déjà, Bassaïev, encore lui, n'avait-il pas dit avoir franchi 120 kilomètres en territoire russe seulement en soudoyant les postes successifs de contrôle174? La police, formée sous les soviets pour obéir au parti communiste et poursuivre surtout les opposants politiques, n'a pas encore appris à servir un Etat de droit. Au contraire: elle a appris à se servir d'abord elle-même. L'appareil policier corrompu jusqu'à l'os175 profite même de l'actuelle purge de Caucasiens176 non pas pour traquer les terroristes177, mais pour extorquer de l'argent aux "suspects"178.

Dans l'armée, la situation n'est pas meilleure. Tout est à vendre179. Bassaïev n'a-t-il pas annoncé avec fierté qu'il dispose de Grad, missiles pour les katiouchas, dernier cri de la technologie militaire russe, venus directement des arsenaux de l'armée? Et d'où peuvent bien provenir les explosifs?

Enjeu important

Et puis, quel Moscovite gagnant 50 dollars par mois va refuser de louer "pour quelques jours seulement" un local180 à quelqu'un qui offre des sommes vertigineuses181…en devises. Qui, de surcroît, comme cela semble être le cas, est parfaitement blond, blanc et russe, et qui, lui non plus, n'a pas hésité à jouer, contre de l'argent évidemment, l'intermédiaire entre le propriétaire et le terroriste182?

Et, enfin, cet Etat déliquescent183 a en face de lui un réseau riche, parfaitement rodé184, dominé par de gens endoctrinés, même fanatiques. Selon des experts, la préparation de l'offensive terroriste demandait au moins six mois d'organisation et la mise en place d'une infrastructure humaine et logistique185 très vaste. Personne n'a rien vu venir.

L'enjeu est cependant important. Il est vital. Le but des terroristes n'est plus indépendance d'une petite république caucasienne, en l'occurence186 la Tchétchénie, mais la stabilité de l'Etat russe, l'avenir de la jeune et fragile démocratie187 russe.

Le char de l'Etat, dit-on en plaisantant, navigue sur un volcan. En Russie, c'est un volcan en pleine éruption.

Un "cordon sanitaire" autour de la Tchétchénie


Des milliers d'hommes des troupes fédérales se concentraient dimanche aux frontières avec la Tchétchénie (Caucase), officiellement pour isoler les rebelles188 islamistes réfugiés189 dans cette petite république indépendantiste190. Selon des sources informées191 citées par les médias, les troupes russes s'apprêtent192 à mener une opération d'envergure193 pour en finir avec les extrémistes islamistes qui ont mené deux attaques au Daghestan en août et en septembre. Les islamistes sont également soupçonnés194 d'être les instigateurs de la vague d'attentats195 qui a fait 292 morts en Russie depuis le 31 août.

Alors que l'aviation russe a poursuivi196 ses bombardements sur la Tchétchénie - faisant au moins 20 morts selon Grozny -, quelque 30.000 soldats des troupes fédérales russes se sont positionnés197 ce week-end à la frontière administrative entre le Daghestan et la Tchétchénie, selon le service de presse des forces russes au Daghestan.

Le Premier ministre Vladimir Poutine, qui a préconisé une série de mesures198 destinées à isoler et à sanctionner la Tchétchénie, n'a pas parlé d'attaque terrestre199 mais uniquement d'une poursuite des bombardements aériens200 sur les "bases islamistes". Ces bombardements, selon le pouvoir indépendantiste, touchent des zones habitées et ont fait près de 250 morts depuis le 5 septembre. Samedi, un journaliste de l'AFP a effectivement pu voir un village partiellement détruit et déserté201 par ses habitants. Le président tchétchène Aslan Maskhadov affirme n'avoir aucun lien avec les rebelles islamistes, mais admet implicitement202 être incapable de les contrôler.

Officiellement, les troupes russes doivent se déployer203 sur les 650 kilomètres de la frontière tchétchène pour établir un "cordon sanitaire", interdisant tout mouvement204 vers et hors de la république205 rebelle. Les correspondants des médias russes dans le Caucase, sans citer de sources officielles, indiquaient dimanche que deux bataillons de la 58e armée étaient arrivés samedi en Ingouchie (ouest de la Tchétchénie) et avaient été rejoints dimanche par un troisième, venant d'une base militaire de la république voisine d'Ossétie du Nord. M.Poutine a par ailleurs206 réaffirmé dimanche son intention de revoir les accords de paix207 d'août 1996, qui prévoyaient une aide russe à la reconstruction de la Tchétchénie, et laissaient en suspens208 pendant cinq ans la question de l'indépendance tchétchène. Selon la télévision privée NTV, Moscou entend également appliquer des sanctions économiques contre Grozny, et bloquer tous les transferts d'argent209.