Учебное пособие совместно подготовлено к изданию преподавателями кафедры иностранных языков №3 факультета иностранных языков и общеобразовательных дисциплин рудн

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EDUCATION - ENSEIGNEMENT "Je me sens de plus en plus la vocation"
Comment devient-on enseignant dans le secondaire?
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EDUCATION - ENSEIGNEMENT

"Je me sens de plus en plus la vocation"21


Comme tous les jeunes profs, j'ai essuyé les plâtres22 dans les endroits difficiles de l'agglomération parisienne. J'enseigne depuis trois ans dans l'une des communes les plus pauvres de Seine - Saint-Denis. C'est speed23, il y a des moments où je me dis: je m'en vais. Presque 1200 élèves, c'est plus que le bâtiment ne peut en contenir. Il y a des émeutes24: 200 élèves qui commencent à se battre dans tous les sens25…tellement de problèmes qu'on ne sait pas par quel bout les prendre26. L'assistante sociale27 a démissionnée l'an dernier parce qu'elle n'en dormait plus et, bien sûr, elle ne sera pas remplacée avant des mois. Il y a des suicides28, des incestes29, de la prostitution. Ceux qui sont en échec30 découragent tout le monde, même les bons élèves. Les principaux31 restent un an ou deux, le moins longtemps possible. Ce collège, pourtant, a eu bonne réputation dans le passé, mais les erreurs accumulées32, une augmentation de la pauvreté33 alentour ont entraîné une dégradation irrémédiable34.

Personnellement, je me sens de plus en plus la vocation. Ce que j'ai dû affronter35 m'a donné de l'aplomb, m'a fait découvrir mes capacités36. C'est le genre de métier où on est obligé d'aller au bout de soi37. Nous, les jeunes profs, nous sommes coincés38. On souffre et on s'accroche au début, parce que dans la logique de l'administration, l'échec serait entièrement de notre faute. L'an dernier, entre collègues on se voyait beaucoup, on se soutenait. Les élèves se montraient particulièrement durs39 avec l'un d'entre nous, très jeune dans le métier. On s'est dit: ça ne peut plus durer40. Un matin, toute l'équipe pédagogique - une bonne dizaine de profs - est entrée dans la classe. On a parlé avec les élèves, on leur a dit nommément41 ce qu'on leur reprochait, ce qu'ils risquaient s'ils continuaient. Du coup, leur comportement a changé. En fait, ils n'imaginaient pas que les profs communiquent entre eux. Nous étions une équipe vraiment soudée42 et à force de nous battre, de faire grève43 (deux fois, l'an dernier, avec le soutien des parents), nous avons obtenu que les classes de sixième disposent de préfabriqués44 à l'écrart des grands. Le comble, c'est que ces locaux, c'est nous qui les avons financés, notre grève nous a coûté à chacun plusieurs milliers de francs….

Cette année, les 250 élèves de sixième ont enfin été mis à part, c'est déjà mieux: moins de bousculades45 dans les couloirs, les élèves se sentent moins anonymes et font moins de bêtises46.

Mais la surprise, le gag de la rentrée47, c'est que sur 85 profs …. 50 sont des nouveaux! Tous les pilliers48, tous ceux qui s'étaient investis, qui se battaient, ont disparu! Ils avaient demandé leur mutation49, souvent sans y croire, et ils l'ont tous eue d'un coup. De là à penser que le rectorat a voulu se débarasser d'une équipe offensive50

Le plus hallucinant, c'est que les nouveaux profs sont presque tous des gens dont c'est le premier poste. Ça va à l'encontre de ce qui est dit depuis des années: on va cesser d'envoyer les gens inexpérimentés dans les endroits réputés durs. Moi qui n'ai que peu d'expérience, je me retrouve à donner des conseils à ces jeunes profs, c'est fou. Pour le moment, ça se passe à peu près bien, même si, alors qu'ils tenaient une réunion51 dans une salle, ils ont reçu des pierres par la fenêtre!

Comment devient-on enseignant dans le secondaire?


Dominique Louise Pélegrin

Débout, face à sa classe, armé de son seul savoir en vieux français ou en civilisation anglaise, le jeune prof. Heureux, peut-être, angoissé52? "Certains sont peu inquiets53? parce qu'ils maîtrisent bien leur discipline, dit une informatrice d'enseignants. D'autres sont très angoissés, surtout s'ils ont eu des expériences difficiles comme stagiaires".

Comment devient-on enseignant dans le secondaire? Après la licence, on entre dans un IUFM (Instituts universitaires de formation de maîtres. Ils dépendent des universités) pour préparer le Cape54, un concours assez difficile où les places sont chères. En cas de succès, la formation se poursuit durant un an pendant lequel le stagiaire se voit confier la responsabilité d'une classe six heures par semaine. Parallèlement, il complète sa formation par des cours à l'IUFM et un stage dans une classe avec un enseignant chevronné55, conseiller pédagogique.

Après leur titularisation, les nouveaux enseignants sont affectés sur un poste à temps complet56 dans un lycée ou un collège. Ils sont 12 000 à débuter chaque année.

L'année suivante, ils sont jetés crus dans l'arène57. Depuis des années, les ministres successifs jurent que tout ça c'est bien fini et qu'il est interdit d'envoyer au casse-pipe les débutants58! "Les textes officiels ne sont pas appliqués", soulignent les formateurs59. Mais comment corriger un système qui fonctionne à l'ancienneté? Voyez plus loin les témoignages des enseignants60 qui ont entre 26 et 30 ans, et de un à cinq ans d'expérience. "Il y a une sorte de concensus dans la profession: tu commenceras par le plus dur. Les jeunes profs vont de fait dans les académies les moins demandées et, à l'intérieur de celles-ci, aux postes les moins recherchés…" convient le directeur des personnels enseignants au ministère de l'Education nationale.

Pour aider les jeunes profs, l'Education nationale leur distribue ses recommandations. Eviter de créer par son comportement "une situation de tension"61, rester froid en toutes circonstances, face à des élèves dont la violence est, "le plus souvent", seulement verbale. Et ainsi de suite. Car, et c'est la clef du problème, "loin de revêtir en caractère légal immédiat comme jadis, l'autorité de l'enseignant est aujourd'hui un acte en déroulement à construire et légitimer".

Aux enseignants débutants de se débrouiller62, souvent dans la plus grande solitude. "J'ai fait quarante inspections de classes l'an dernier, auprès de jeunes professeurs dans les endroits difficiles, dit Lise Tonnetot, formatrice en anglais à l'IUFM de Rouen. Il est évident que ça se passe mieux là où les professeurs font équipe. Ce n'est pas le cas partout. Souvent, pour les débutants, le choc est nerveux, physique. Cette première année d'enseignement, c'est un rite de passage".

Dans son livre Le Scandale de l'Education nationale, Thierry Desjardins, journaliste au Figaro, a beau jeu de recenser les "115 600 faits de violence avérés entre le 1er janvier et le 30 mars 1998". De rappeler les 1 500 profs en clinique psychiatrique. Les enfants (un sur quatre) qui entrent en sixième sans savoir lire, les 93 000 jeunes qui quittent l'école à 16 ans sans bagage. Entre autres signes de dysfonctionnement.

Si un certain nombre de profs, manquent à cette rentrée au point de pousser les élèves de certaines académies dans la rue, c'est qu'il y a eu une légère inflation du nombre d'absents (congés pour maternité, maladie, mise en disponibilité) par rapport à l'an dernier. Au ministère, on reconnaît que la tendance à la fuite63 s'aggrave légèrement. Si l'on écoute les jeunes profs, si l'on se plonge dans la brassée de livres parus64 cette rentrée, on a l'impression que tout le monde - élèves et enseignants – étouffe dans un climat d'hypocrisie65. "Il y a une contradiction à mettre partout en avant la justice dans l'école, notent les auteurs de l'Ecole désoeuvrée, et à accepter sans mot dire que les enfants moins favorisés soient placés devant des enseignants moins formés… La sollicitude apparente du système66 à l'égard des plus faibles et des plus démunis est largement compensée par son caractère quazi industriel. On ne fait certes rien pour les décourager ou de s'instruire, mais rien non plus pour corriger l'effet de nombre."

Depuis les années, les problèmes personnels et sociaux des jeunes font irruption dans les salles de classe. Comment le supporter? Comment réagir? Se réfugier dans des questions de pédagogie envisagée comme pure technique, pour ne plus voir ce qui se passe? Ou au contraire, accepter le rôle d'éducateur polyvalent, de modérateur social vers lequel glisse le prof par la force des choses?

Enseignante en lettres à Paris III, Hélène Merlin compte parmi ses élèves de nombreux profs débutants ou en formation. Sensible à leurs difficultés, elle aime en parler avec eux et chercher des solutions empiriques. Elle s'interroge: "Pourquoi notre généraiton (J'ai 45 ans) a-t-elle rêvé pour ses enfants d'un monde sans épreuves, sans souffrances? Dans toute la société, un courant nous amène à penser que les parents et les profs sont des bourreaux67, que l'école est un lieu de persécution68. En cas de conflits, on va croire l'élève, pas le prof. Les parents peuvent imposer le passage en classe supérieure de leur enfant contre l'avis des professeurs, ce qui quand on y réfléchit, est énorme. Dans ce climat bien trop affectif, redoubler devant une atteinte à la personne toute entière, au lieu d'être un simple problème de niveau, une banale épreuve de la vie. J'essaie de dire à mes élèves, qui vont se retrouver dans un métier très dur, très blessant (j'ai moi-même enseigné dans le secondaire et vécu toutes sortes de situations difficiles): pensez à la classe, pas aux individus.

Ayez de l'autorité, au sens où celle-ci n'est pas un abus de pouvoir de votre part, mais un espace de liberté que vous créez pour que vos élèves puissent s'y développer. Comme profs, nous sommes chargés de prendre un groupe – et non une somme d'individus – et de porter plus loin, à un autre niveau".