Учебное пособие совместно подготовлено к изданию преподавателями кафедры иностранных языков №3 факультета иностранных языков и общеобразовательных дисциплин рудн

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SOCIOLOGIE "Plus on aime l'écran, plus on s'ennuie à l'école"
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SOCIOLOGIE

"Plus on aime l'écran, plus on s'ennuie69 à l'école"


Dominique Pasquier

Quelle place tiennent l'ordinateur70, les jeux vidéo ou le téléphone dans la vie des jeunes?

Depuis deux ans, des chercheurs du CNRS71, dirigés par la sociologue Dominique Pasquier, mènent l'une des premières grandes enquêtes72 européennes sur le sujet. Pour la France, ils ont interrogé 1 400 jeunes de 7 à 17 ans.

Télérama: Le premier volet73 de votre enquête soulignait le fossé74 entre des jeunes du milieu favorisé75, pour qui la télé fait partie du paysage mais qui ont accès76 à d'autres loisirs77, à d'autres sources d'information78, et ceux qui ne disposent que d'elle. On se doute qu'il en va de même avec les autres médias, l'ordinateur en particulier.

Dominique Pasquier: Là aussi, comme pour la téléviison, il existe une réelle injustice79 sociale. Chez les plus aisés80, l'enfant trouve conseil et assistance81 auprès de ses parents, l'ordinateur est integré dans la vie de la famille et contribue souvent à un renouveau des relations82 père/fils. On explore83 ensemble les possibilités de l'appareil. Dans les milieux défavorisés84, les parents économisent longtemps pour acheter un ordinateur, ils y placent beaucoup d'espoirs, avec l'impression que c'est la clé de l'accès au savoir85. Mais souvent, à l'usage, l'ordinateur se révèle décevant86: on l'utilise peu ou simplement comme une console de jeu87, une machine à écrire. L'ordinateur va se trouver plus souvent placé dans la chambre de l'enfant, qui doit se débrouiller seul s'il veut apprendre à s'en servir. Le rattrapage88 pourrait se faire à l'école ou dans un club informatique: on sent bien que les institutions doivent prendre le relais89 pour rétablir l'égalité de l'accès à l'informatique.

Télérama: Que se passe-t-il du côté des filles?

Dominique Pasquier: Les filles s'intéressent moins que les garçons à l'ordinateur et aux jeux vidéo. Il est trop tôt pour tirer les conclusions90 définitives de notre enquête, mais il semble que l'on aille dans le sens d'une reséparation91 des activités selon le sexe. Ces vingt ou trente dernières années la télé a joué un rôle unificateur92: même si les hommes et les femmes, les parents et les jeunes ne s'intéressent pas systématiquement aux mêmes programmes, ils regardent certainement des émissions ensemble, ils en parlent. Or, aujourd'hui, c'est la fin des médias93 communs à tous. On voit apparaître un pôle féminin autour de la télé et du téléphone, un pôle masculin autour de l'ordinateur et des jeux vidéo.

L'ordinateur et les jeux vidéo développent une intense socialbilité94, surtout entre garçons. Ils vont l'un chez l'autre pour jouer, ils se passionnent pour95 la presse spécialisée, ils s'échangent jeux96 et combines. Un vrai joueur de jeu vidéo, même s'il passe des heures devant l'écran, n'est pas du tout un solitaire97, il a au contraire beaucoup de relations.

Télérama: On a l'impression98 d'un clivage99 opposant des enfants assez traditionnels – ou très contrôlés par leurs parents? - qui ne se passionnent pas pour les nouveaux médias ni pour la télé, qui lisent et aiment l'école et les enfants très à l'aise avec tous les écrans, qui en redemandent. Et qui, en revanche, s'intéressent peu à la lecture, à l'école.

Dominique Pasquier: On voit se dessiner une tendance très nette: plus on consomme100 de médias qu'il s'agisse de la télé ou de l'ordinateur, plus on déclare s'ennuyer à l'école. Ceux qui aiment l'école, ce sont les lecteurs de livres, dont les préoccupations, la culture sont en place avec101 l'univers scolaire. Les jeunes qui regardent peu la télé lisent davantage de livres, même si on peut évidemment aimer la télé et lire, regarder des débilités à l'heure du goûter102 et être bon à l'école! Mais en règle générale les adolescents103 qui passent moins d'une demi-heure par jour à regarder la télé vont consacrer aussi peu de temps à l'ordinateur, aux jeux ou à Internet…

Télérama: Il y aurait donc des jeunes peu attirés pour les écrans en général et d'autres très attirés?

Dominique Pasquier: Il semble qu'une partie des jeunes aient trouvé dans les nouveaux médias quelque chose que l'école ne leur donne pas. Beaucoup d'hypothèses sont possibles. L'engagement physique devant sa console de jeux est bien différent de celui qui requiert un cours104. On peut penser que les jeux et l'ordinateur développent des processus cognitifs complètement différents de ceux que sollicite le système scolaire. Les jeux vidéo sont inductifs; on doit explorer, découvrir au hasard, même s'il y a des codes, tout semble ouvert. Alors que l'école est univers déductif, beaucoup plus strict.

L'idéal évidemment est d'être à l'aise dans les deux univers, de les vivre comme complémentaires. Ce qu'on acquiert105 à l’école, la "culture générale", est une culture commune. Les jeux vidéo, eux, ne constituent pas une culture commune. D'ailleurs, l'intérêt que l'on éprouve pour eux diminue106 vite, au-delà de 14 ans. Il faut bien, alors, trouver quelque chose à faire…"