Курс французского языка в четырех томах

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Содержание


Jean giono.
En languedoc
André gide.
La pastorale d'ossau
Vented'une propriété, vignoble, maison de maître, vastes communs .
François mauriac
2) Une vive et douloureuse
Le paysan de paris chante
Les oublies
En longeant les quais
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Provence, un poète qui prête une âme extriïonlinairemsnt fraîche aux plantes,
aux bêtes, aux gens; et qui, sensible au mystère de l'univers (mais non à Dieu),
passe aisément d'une sorte de mysticisme laïque au réalisme le plus
pittoresque.

Malgré le mauvais an1 le grand marché d'été a rempli la villotte2. Il y
a des hommes et des chars sur toutes les routes, des femmes avec des
paquets, des enfants habillés de dimanche qui serrent dans leurs poings
droits les dix sous pour le beignet3 frit. Ça vient de toutes les pentes des
collines. Il y en a un gros tas qui marche sur la route d'Ongles, tous
ensemble, les charrettes au pas et tout le monde dans la poussière; il y en
a comme des graines sur les sentiers du côté de Laroche, des piétons avec
le sac à l'épaule et la chèvre derrière; il y en a qui font la pause4 sous les
peupliers du chemin de Simiane, juste dessous les murs, dans le son de
toutes les cloches de midi. Il y en a qui sont arrêtés au carrefour du moulin;
ceux de Laroche ont rencontré ceux du Buëch. Ils sont emmêlés comme un
paquet de branches au milieu d'un ruisseau. Ils se sont regardés les uns les
autres d'un regard court qui va des yeux aux sacs de blé. Ils se sont compris
tout de suite.

«Ah! qu'il est mauvais, cet an qu'on est à vivre!»5

«Et que le grain est léger!»—«Et que peu il y en a!»

«Oh! oui!»

Les femmes songent que, là-haut sur la place, il y a des marchands de
toile, de robes et de rubans, et qu'il va falloir passer devant tout ça étalé, et
qu'il va falloir résister. D'ici, on sent déjà la friture des gaufres; on entend

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comme un suintement des orgues, des manèges de chevaux de bois; ça fait
les figures longues6, ces invitations de fête dans un bel air plein de soleil
qui vous reproche le mauvais blé.

Dans le pré qui pend, à l'ombrage des pommiers, des gens de ferme se
sont assis autour de leur déjeuner. D'ordinaire, on va à l'auberge manger «la
daube»7. Aujourd'hui, il faut aller à l'économie8.

Ça n'est pas que l'auberge chôme; oh! non: à la longue table du milieu,
il n'y a plus de place, et déjà on a mis les guéridons sur les côtés, entre les
fenêtres, et les deux filles sont rouges, à croire9 qu'elles ont des tomates
mûres sous leurs cheveux, et elles courent de la cuisine à la salle sans
arrêter, et la sauce brune coule le long de leurs bras (...). Sur la place, les
colporteurs et les bazars ont monté des baraques de toile entre les tilleuls.
.Et c'est répandu à seaux10 sous les tentes; des chapeaux, des pantoufles, des
souliers, des vestes, des gros pantalons de velours, des poupées pour les
enfants, des colliers de corail pour les filles, des casseroles et des «fait-
tout»11 pour les ménagères et des jouets et des pompons pour les tout-
petits, et des sucettes12 pour les goulus du tété13 dont la maman ne peut pas
se débarrasser. Et c'est bien pratique. Il y a des marchands à l'aune14 avec
leur règle de bois un peu plus courte que mesure. «Et je vous ferai bonne
longueur; venez donc!» H y a des bonbanneries, et les marchands de
sucrerie et de friture avec des gamins collés contre, comme des mouches
sur pot à miel; il y a celui qui vend des tisanes d'herbes et des petits livres
où tout le mal du corps est expliqué et guéri, et il y a, près de la bascule à
moutons, un manège de chevaux de bois bariolé et grondeur qui tourne
dans les arbres comme un bourdon.

Et ça fait, dans la chaleur, du bruit et des cris à vous rendre sourds 15
comme si on avait de l'eau dans les oreilles. Chez Agathange, on a laissé les
portes du café ouvertes. Il en coule un ruisseau de fumée et de cris. Il y a là-
dedans des gens qui ont dîné de saucisson et de vin blanc autour des tables de
marbre et qui discutent maintenant en bousculant les verres vides du poing et
de la voix. Agathange n'en peut plus. II est sur ses pieds depuis ce matin. Pas
une minute pour s'asseoir. Toujours en route de la cuisine au café et il faut
passer entre les tables, entre les chaises. Voilà celui-là du fond qui veut du
vermouth maintenant. Val6 falloir descendre à la cave. Il est en bras de
chemise: une belle chemise à fleurs rouges. Il a le beau pantalon et pas de
faux col. Le faux col en celluloïd est tout préparé sur la table de la cuisine à
côté des tasses propres. Il y a aussi les deux boutons de fer et un nœud de
cravate tout fait, bien noir, bien neuf, acheté de frais pour tout à l'heure*.

JEAN GIONO. Regain (1930).

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Примечания:

1. La mauvaise année (an ne se dit pas couramment dans ce sens). 2. Маленький
городок. З. Кусочки мяса или овощей в тесте, жареные во фритюре. 4. Останав-
ливаются на некоторое время. 5. Expression locale: cette année que nous sommes en train
de vivre. 6.
Вытянутые, унылые лица. 7. Мясо, тушеное в белом вине с овощами и
пряностями. 8. Приходится экономить. 9. Si bien qu'on croirait — Можно подумать,
будто... 10. В огромных количествах (букв, ведрами). 11. Кастрюля с крышкой для
приготовления любых блюд. 12. Леденцы на палочках. 13. Téter — сосать (материн-
скую грудь или соску). Les goulus du tété — дети, которые никак не отучатся от соски.
14. Локоть — старинная мера длины во Франции (ок. 1м 18 см). 15. См. прим. 7.
Способные оглушить, оглушающие. 16. // va falloir (langue parlée).

Вопросы:

* Il y a bien des éléments dans ce style composite. Montrez la place qu'y tiennent les
tournures populaires. - - '. .

EN LANGUEDOC:
UZÈS ET SES ENVIRONS


Terre brûlée de soleil et infestée de bruyantes cigales: tel était apparu le
Languedoc au jeune Jean Racine, quand son oncle, le chanoine Sconin, l'avait
appelé près de lui à Uzès. Au contraire, la charmante petite cité inspira
à ANDRÉ GIDE, qui y vint tout enfant passer des vacances chez sa grand-mère
paternelle, une immédiate et durable sympathie.


J'aimais passionnément la campagne aux environs d'Uzès, la vallée de la
Fontaine d'Eure et, par-dessus tout, la garrigue1. Les premières années,
Marie, ma bonne, accompagnait mes promenades (...).

En continuant la route qui continue le Sarbonnet, un petit mamelon
calcaire, au sortir de la ville on gagnait les prés verdoyants que baigne la
Fontaine d'Eure. Les plus mouillés d'entre eux s'émaillaient au printemps
de ces gracieux narcisses blancs dits «du poète», qu'on appelle là-bas des
courbadonnes. Aucun Uzétien ne songeait à les cueillir, ni ne se serait
dérangé pour les voir; de sorte que, dans ces prés toujours solitaires, il y en
avait une extraordinaire profusion; l'air en était embaumé loin à la ronde;
certains penchaient leur face au-dessus de l'eau, comme dans la fable que
l'on m'avait apprise, et je ne voulais pas les cueillir; d'autres disparaissaient
à demi dans l'herbe épaisse; mais le plus souvent, haut dressé sur sa tige,
parmi le sombre gazon, chacun brillait comme une étoile. Marie, en bonne
Suissesse, aimait les fleurs; nous en rapportions des brassées.

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La Fontaine d'Eure est cette constante rivière que les Romains avaient
captée et amenée jusqu'à Nîmes par l'aqueduc fameux du Pont du Gard. La
vallée où elle coule, à demi cachée par des aulnes, en approchant d'Uzès,
s'étrécit. О petite ville d'Uzès! Tu serais en Ombrie3 des touristes
accourraient de Paris pour te voir! Sise au bord d'une roche dont le
dévalement brusque est occupé en partie parles ombreux jardins du duché,
leurs grands arbres, tout en bas, abritent dans le lacis de leurs racines les
écrevisses de la rivière. Des terrasses de la Promenade ou du Jardin public,
le regard, à travers les hauts micocouliers4 du duché, rejoint, de l'autre côté
de l'étroite vallée, une roche plus abrupte encore, déchiquetée, creusée de
grottes, avec des arcs, des aiguilles et des escarpements pareils à ceux des
falaises marines; puis, au-dessus, la garrigue rauque, toute dévastée de
soleil.

Marie, qui se plaignait sans cesse de ses cors" montrait peu d'enthousi-
asme pour les sentiers raboteux de la garrigue; mais bientôt enfin ma mère
me laissa sortir seul et je pus escalader tout mon soûl6.

On traversait la rivière à la F on di Biau (je ne sais si j'écris
correctement ce qui veut dire, dans la langue de Mistral: fontaine aux
bœufs) après avoir suivi quelque temps le bord de la roche, lisse et tout
usée par les pas, puis descendu les degrés taillés dans la roche. Qu'il était
beau de voir les lavandières y poser lentement leurs pieds nus, le soir,
lorsqu'elles remontaient du travail, toutes droites et la démarche comme
ennoblie par cette charge de lin blanc qu'elles portaient, à la manière
antique, sur la tête. Et comme la «Fontaine d'Eure» était le nom de la
rivière, je ne suis pas certain que, de même, ces mots «fon di biau»
désignassent précisément une fontaine: je revois un moulin, une métairie
qu'ombrageaient d'immenses platanes; entre l'eau libre et l'eau qui
travaillait au moulin, une sorte d'îlot, où s'ébattait la basse-cour.
A l'extrême pointe de cet îlot, je venais rêver ou lire, juché sur le tronc d'un
vieux saule et caché par ses branches, surveillant les jeux aventureux des
canards, délicieusement assourdi par le ronflement de la meule, le fracas de
l'eau dans la roue, les mille chuchotis de la rivière, et plus loin, où lavaient
les laveuses, le claquement rythmé de leurs battoirs*.

Mais le plus souvent.brûlant7 la Fon di Biau, je gagnais en courant la
garrigue, vers où8 m'entraînait déjà cet étrange amour de l'inhumain, de
l'aride, qui, si longtemps, me fit préférer à l'oasis le désert. Les grands
souffles secs, embaumés, l'aveuglante réverbération du soleil sur la roche
nue sont enivrants comme le vin. Et combien m'amusait l'escalade des
roches; la chasse aux mantes religieuses qu'on appelle là-bas des «prega-

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Diou », et dont les paquets d'œufs, conglutinés et pendus à quelque
brindille, m'intriguaient si fort; la découverte, sous les cailloux que je
soulevais, des hideux scorpions, mille-pattes et scolopendres**!

ANDRÉ GIDE. Si le grain ne meurt (1926).
Примечания:


1. Необрабатываемые, заросшие кустарником земли на склонах гор. 2. Имеется в
виду миф о Нарциссе, прекрасном юноше, который, увидев свое отражение в воде,
влюбился в него. Боги превратили его в цветок, носящий его имя. 3. Если бы ты был в
Умбрии... — провинция в Италии, где родился св.Франциск Асизский. 4. Каменное
или железное дерево, произрастающее на юге Франции. Достигает высоты 20 м.
5. Ороговевший нарост на пальце ноги, причиняющий боль. 6. В свое удовольствие,
вдосталь. 7. Не останавливаясь. 8, Lieu vers lequel... 9. Провансальское название бого-
мола (насекомое). Французский эквивалент — Prie-Dieu.

Вопросы.

* On étudiera l'ait de la description dans tout ce paragraphe: attitudes des lavandières;
évocation de la
faune et de la flore; bruits des eaux.

** André Gide a toujours éprouvé un goût très vif pour les sciences naturelles. Montrer
comment ce penchant se manifeste ici.


LA PASTORALE D'OSSAU

La vallée d'Ossau, dans les Pyrénées, est un des lieux chers à FRANCIS JAMMES.
Le poète, né près de Tarbes, a profondément subi l'influence de ces horizons ou
la grandeur garde un caractère simple et humain. Témoin la gracieuse pièce
à laquelle il donne le nom de pastorale pour en marquer l'inspiration, toute
champêtre.


En août, à Laruns' pour la fête,
Au vieux pâtre confiant ses bêtes,
Le jeune berger descendra.
Guêtre de laine il dansera,
Sa veste rouge sur le bras.
Le fifre à tue-tête criera"
Le tambourin bourdonnera.

La belle fiancée aura
Son capulet3 qui rougira
Et son châle qui pointera

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Et que la moisson ornera4.

Sa paire de sabots luira.

Sa robe se relèvera

Avec deux larges bandes bleues

Comme d'un papillon à queue.

Et son amoureux lui tiendra
La main par le chanvre effilée5
Au milieu du rondeau brillant
Dont on dirait dans un torrent
Des ailes d'oiseaux-bleus mêlées
Aux fleurs des blés de la vallée.

Sur le flanc terrible des monts
Quelques granges apparaîtront
Comme des monceaux d'avalanche.
Là-haut, c'est Bielle et, sous les branches
Du frêne, un vénérable toit
Où monsieur Bonnecase est maître,
Syndic6 maire, expert géomètre:
«II mariera moi contre toi". »*

francis JAMMES. Ma France poétique (1926).
Примечания:

1. Городок в долине Оссо. 2. Свирель будет звучать во всю мочь, оглушительно.
3. Капюшон, закрывающий голову и плечи, который носят женщины в Пиренеях
4 Имеются в виду вышивки, основным мотивом которых являются колосья и полевые
цветы, в частности дикие маки (сравни стих 21). 5. Этот стих следует понимать так:
от постоянного прядения или сучения конопли кончики ее пальцев утончились.
6. В обязанности синдика входит следить за справедливым распределением воды для
орошения. 7. Expression de la langue locale: il me mariera à toi.

Вопросы:

* Comparer ce poème avec celui de Samain (Flandre) et celui de Péguy (Meuse).

MALAGAR

Toute une partie de l'oeuvre de MAURIAC resterait inexpliquée sans une
constante référence au pays natal de l'écrivain: le Bordelais. La page que voici
frémit d'un amour profond pour la «petite patrie».


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Une brume tremble sur les landes: réserve immense de torpeur qui va
s'étendre sur la plaine jusqu'au crépuscule. C'est dimanche, et je n'entendrai
même pas le bruit 'des sulfa-teuses1. Caoubet et Laouret2 dorment dans
retable noire. Les cloches des vêpres ne sonnent plus dans les villages sans
prêtres et «les grands pays muets» dont parle Vigny ne sont muets que
parce qu'ils sont mourants. Combien de temps nous faudra-t-il pour recon-
naître que cette vie qui se .retire d'eux, c'est la nôtre? (...) Hélas! l'homme
déclinant découvre que ce n'est pas sa vie toute seule qui se retire
lentement de la terre mourante: tous ceux dont il est seul à se souvenir, et
qui ont rêvé à cette terrasse, mourront avec lui-même une seconde fois.
A ma mort, Malagar se déchargera d'un coup de tous ses souvenirs, il aura
perdu la mémoire.

Nos parents n'ont pas connu cette angoisse, parce que ce n'était pas
à leur vie éphémère qu'était suspendue la vie du domaine, mais à la race,
à la famille qui, croyaient-ils, ne périrait pas. En dépit du phylloxéra4, des
mauvaises années, du Code Civil5, des partages, ils ne doutaient pas que le
domaine, après eux, dût passer à leurs enfants et à leurs petits-enfants.
«Quoi qu'il arrive, ne vendez jamais la terre.» Ce fut toujours une de leurs
dernières paroles. On s'arrangeait pour ne pas la vendre, et pour que les
propriétés d'un seul tenant gardassent leur unité. Depuis la Révolution, il
y eut toujours, par génération, un oncle célibataire, dont la part revenait
aux neveux, afin que l'héritage, à peine divisé, se reformât. La terre
demeurait fidèle à la famille, à travers tout. Cette union d'un domaine et
d'une race paraissait être à l'épreuve de l'étatisme et de la fiscalité. L'aïeul
pouvait ramener en paix cette terre sur son corps mourant: il avait voulu
qu'elle couvrît son tombeau, parce que, périssable, il n'en avait pas moins
contracté avec elle une alliance qu'il croyait éternelle.

Aujourd'hui, l'alliance est dénoncée6. Il y aura, un jour, dans une étude
de campagne, cette affiche rosé fixée au mur par quatre punaises: Vente
d'une propriété, vignoble, maison de maître, vastes communs .
Et bien plus
tard, un jour, un vieil homme s'arrêtera au portail, tenant un enfant par la
main. Ce sera vers cinq heures après midi. Entre les vignes pâles, toutes les
masses feuillues paraîtront sombres, sauf les aubiers, dans la boue durcie
de la Garonne, et les prairies embrasées de Sauternes8. L'azur blêmira sur
le dur et noir horizon des landes. Un souffle, que les visages humains ne
sentiront même pas, entraînera vers le sud les molles fumées de la plaine.
Une seconde, un seul entre tous les oiseaux oublie de ne pas chanter , et
leur silence imite l'immobilité des feuilles. Un être vivant, sur ces routes,
risquerait la mort... Et pourtant, j'imagine cet homme vieilli en qui se

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retrouvent quelques-uns de mes traits. J'entends les paroles qu'il prononce
à voix presque basse, et le petit garçon lève une tête curieuse: «La fenêtre
à droite, c'est là où travaillait mon pauvre père... Ce qu'il faisait? C'était des
romans. Les hortensias du perron sont morts. Ils ont arraché la vieille
vigne. Mon père croyait que les ormeaux, devant la maison, étaient près de
leur fin; ils sont toujours là, malades mais vivants... La mère de mon
père.... J'avais ton âge quand elle est morte. Je ne revois que sa silhouette
lourde au tournant de l'allée. Les traits se sont effacés... »

Une ombre inconnue s'avancera sur le perron, et le vieil homme,
traînant le petit par la main, redescendra la côte*.

FRANÇOIS MAURIAC, Journal, tome I (1934).
Примечания:

\. Машины для опрыскивания виноградников медным купоросом (сульфатом
меди). 2. Клички волов. 3. Французский поэт Альфред де Виньи (1797 — 1863) в
стихотворении "Хижина пастуха". 4. Филлоксера — заболевание виноградника, вы-
званное тлей, носящей то же название. 5. Гражданский Кодекс, определяющий права
наследования. 6. Расторгнут. 7. La maison de maître — жилой дом; les communs
хозяйственные постройки, службы (винные погреба, конюшни и т.п.) 8. Сотерн —
сорт винограда, который разводится в районе Бордо и дает знаменитое белое вино
того же названия. 9. И ее одиночная песня побуждает к пению всех остальных птиц.

Вопросы:

* Montrez que Mauriac nous donne ici: 1) Une image de certaines qualités françaises.
2) Une vive et douloureuse évocation de son Bordelais natal.

IL Париж

Париж с его тремя миллионами жителей (а если добавить населе-
ние пригородов, то получится больше пяти) сейчас является одним из
самых больших городов мира.

Но таким он был не всегда: в эпоху завоевания страны римлянами
небольшое поселение, которое называлось Лютеция и где жило племя
паризиев, представляло крохотный островок на скрещении путей с
берегов Луары в Бельгию и из Германии в Бретань. В конце V века
Хлодвиг сделал его своей столицей; в начале XIII века Филипп Август
обнес его крепостными стенами; с тех пор короли Франции неизменно
повышали его значение и престиж. Так Париж стал политическим, а,
главное, мозговым центром нации: он управляет ею так же, как мозг
управляет и координирует все движения тела. И вообще, Франция без
Парижа была бы чем-то наподобие тела без души...

И, однако, этот огромный мегаполис является не только полити-
ческой, административной и экономической столицей страны, это
также город на берегах Сены, где люди рождаются, трудятся, любят,
умирают; это весьма разношерстное соединение самых разных квар-
талов, которые строились в различные эпохи и каждый из которых
являет собой поистине отдельный городок, обладающий собственным
лицом; пестрый мир, где урожденный парижанин соседствует с чело-
веком, недавно поселившимся в Париже, где богатый пред-
приниматель сталкивается с клошаром, где иностранный турист, же-
лающий полюбоваться на досуге перспективой Елисейских Полей,
невольно оказывается подхваченным плотным потоком спешащих
людей.

Кроме того, Париж — город многочисленных прекраснейших, са-
мых разнообразных зданий; это город-памятник, столица-памятник,
памятник, состоящий из памятников,
если воспользоваться словами
Пеги. И наконец, это средоточие духа и ума, куда стекаются и не
только из Франции, но со всего света, лучшие писатели, драматурги,
музыканты, художники, артисты. Это многообразный мир, зеркало с
тысячами граней, волшебная, притягательная сила которого действует

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как на его постоянных жителей, так и на тех, кто впервые приехал
сюда. Не перечислить всех писателей, начиная с Вийона и Монтеня и
кончая Жироду, Жюлем Роменом и Леоном Фаргом — включая сюда
Бальзака, Гюго, Бодлера, Золя, Анатоля Франса, — что обращали свои
взоры к блистательной нашей столице. И не хватит никакой антоло-
гии, чтобы вместить все прекраснейшие страницы, посвященные жи-
вописанию и прославлению Парижа...

LE PAYSAN DE PARIS CHANTE

С 'est, a-t-on dit d'ARAGON, un homme pour qui le monde extérieur
existe, même quand il écrit des poèmes surréalistes; un homme qui
veut être présent dans le monde qu'il habite. Et c'est pourquoi on
trouvera ici quelques-uns des plus beaux souvenirs qu'ait jamais
laissés, dans le cœur d'un poète, l'amour de sa ville natale, dont l'a
séparé le destin.


Comme on laisse à l'enfant pour qu'il reste tranquille*
Des objets sans valeur traînant sur le parquet
Peut-être devinant quel alcool me manquait
Le hasard m'a jeté des photos de ma ville
Les arbres de Paris ses boulevards ses quais.

C'est un pont1 que je vois si je clos mes paupières
La Seine y tourne avec ses tragiques totons2
О noyés dans ses bras noueux comment dort-on
C'est un pont qui s'en va dans ses loges de pierre
Des repos arrondis en forment les festons .

Un roi de bronze noir à cheval le surmonte

Et l'île qu'il franchit a double floraison

Pour verdure un jardin pour rosés des maisons

On dirait un bateau sur son ancre de fonte

Que font trembler les voitures de livraison.

L'aorte5 du Pont-Neuf frémit comme un orchestre
Où j'entends préluder le vin de mes vingt ans
II souffle un vent ici qui vient des temps d'antan6
Mourir dans les cheveux de la statue équestre
La ville comme un cœur s'y ouvre à deux battants.

Sachant qu'il faut périr les garçons de mon âge
Mirage se leurraient d'une ville au ciel gris
Nous derniers-nés d'un siècle et ses derniers conscrits
Les pieds pris dans la boue et la tête' aux nuages
Nous attendions l'heure H en parlant de Paris.

Quand la chanson disait tu reverras Paname8
Ceux qu'un œillet de sang allait fleurir tantôt

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Quelque part devant Saint-Mihiel ou Neufchâteau9
Entourant le chanteur comme des mains de flamme
Sentaient frémir en eux la pointe du couteau.

Depuis lors j'ai toujours trouvé dans ce que j'aime
Un reflet de ma ville une ombre dans ses rues
Monuments oubliés passages disparus
J'ai plus écrit de toi Paris que de moi-même
Et plus qu'en mon soleil en toi Paris j'ai cru.

Afin d'y retrouver la photo de mes songes

Si je frotte mes yeux que le passé bleuit

Ainsi que je faisais à l'école a Neuilly

Un printemps y fleurit encore et se prolonge

Et ses spectres dansants ont moins que moi vieilli.

C'est Paris ce théâtre d'ornbres que je porte
Mon Paris qu'on ne peut tout à fait m'avoir pris
Pas plus qu'on ne peut prendre à des lèvres leur cri
Que n'aura-t-il fallu pour m'en mettre à la porte
Arrachez-moi le cœur vous y verrez Paris10.

C'est de ce Paris-là que j'ai fait mes poèmes
Mes mots ont la couleur étrange de ses toits
La gorge des pigeons y roucoule et chatoie
J'ai plus écrit de toi Paris que de moi-même
Et plus que de vieillir souffert d'être sans toi

Plus le temps passera moins il sera facile
De parler de Paris et de moi séparés

Les nuages fuiront de Saint-Germain-des-Prés
Un jour viendra comme une larme entre les cils
Comme un pont Alexandre-Trois blême et doré.

Ce jour-là vous rendrez voulez-vous ma complainte
A l'instrument de pierre où mon cœur l'inventa
Peut-on déraciner la croix du Golgotha
Ariane" se meurt qui sort du labyrinthe
Cet air est à chanter boulevard Magenta.

Une chanson qui dit un mal inguérissable

Plus triste qu'à minuit la place d'Italie

Pareille au Point-dû-Jour pour la mélancolie

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Plus de rêves aux doigts que le marchand de sable.12
Annonçant le plaisir comme un marchand d'oubliés.

Une chanson vulgaire et douée où la voix baisse
Comme un amour d'un soir doutant du lendemain
Une chanson qui prend les femmes par la main
Une chanson qu'on dit sous le métro Barbes
Et qui change à l'Etoile et descend à Jasmin.

Le vent murmurera mes vers aux terrains vagues
II frôlera les bancs où nul ne s'est assis
On l'entendra pleurer sur le quai de Passy

Et les ponts répétant la promesse des bagues.
S'en iront fiancés aux rimes que voici.

Comme on laisse à l'enfant pour qu'il reste tranquille
Des objets sans valeur traînant sur le parquet
Peut-être devinant quel alcool me manquait
Le hasard m'a jeté des photos de ma ville
Les arbres de Paris ses boulevards ses quais**.

ARAGON. En étrange -pays dans mon -pays lui-même (1945).
Примечания:


1. Новый мост, построенный при Генрихе IV. 2. Восьмиугольная юла. Здесь, оче-
видно, Ses tragiques totons означают водовороты около моста. 3. Фестоны — волнооб-
разные гирлянды из листьев и цветов. 4. Конная статуя короля Генриха IV. 5. Аор-
та — артерия, отводящая кровь от сердца. 6. Из давних времен. 7. Час атаки (в войне
1914 — 1918 гг.). 8. Жаргонное название Парижа. Имеется в виду популярная солдат-
ская песенка времен Первой мировой войны. 9. Города, через которые проходил
фронт в 1918 г. 10. Парафраз известных слов английской королевы Марии Тюдор
(1516 — 1558); умирая, она произнесла: "Если вскроют мое сердце, то увидят там имя
Кале". Кале — последний французский город, остававшийся во владении англичан до
1558 г., когда он был отвоеван французами. 11. Ариадна, дочь критского царя Мино-
са. Когда на Крит прибыл Тезей, обреченный на съедение чудовищу Минотавру, оби-
тавшему в Лабиринте, Ариадна дала ему клубок ниток, с помощью которого он, убив
Минотавра, сумел выйти из Лабиринта. Тезей увез с собой Ариадну, но потом бросил
ее на острове Наксос. 12. Продавец песка — сказочный персонаж, который сыплет
детям в глаза песок, чтобы они закрылись, и дарит им приятные сны. Les oublies
вафельные трубочки с кремом, очень популярное лакомство в первой половине наше-
го века. У них есть еще одно название: les plaisirs. 13. Обручальные кольца.

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Вопросы:

* Est-il besoin de dire que les annotations des poèmes contemporains reproduits dans
ce livre ne prétendent pas en donner toujours une. interprétation définitive?


** On ne peut dire qu'il s'agisse ici d'un poème purement surréaliste Montrez cependant
ce qui le
sépare d'une pièce purement classique.

EN LONGEANT LES QUAIS
DE LA SEINE


Anatole France (1844-1924) est né quai Malaquais, à quelques -pas de
l'Institut de France et du Pont-Neuf, sur la rive qui fait face au palais du
Louvre et à l'église Saint-Germain-l'Auxerrois. C'est un vrai Parisien, fils de
Parisiens établis libraires.


Dans la boutique de son père, il a, dès l'enfance, respiré l'odeur des vieux
livres dont les bouquinistes offraient tant d'autres exemplaires au flâneur
érudit. Mais surtout, il a eu sous les yeux le spectacle, unique au monde, des