Методические указания к циклу материалов по практике устной и письменной речи по теме «Моя будущая профессия: преподаватель» Ростов-на-Дону
Вид материала | Методические указания |
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- Методические указания по развитию навыков чтения и устной речи на английском языке, 176.18kb.
- 1. Моя будущая профессия – социолог Моя будущая профессия – социолог, 76.53kb.
- Методические указания к циклу материалов по второму иностранному языку (французский, 228.08kb.
- Методические указания по практике письменной речи для студентов I и II курсов всех, 300.18kb.
- Приказ №44 от 03. 11. 2011г. Директор школы С. И. Тагунова положение о единых требованиях, 215.71kb.
- Тема общая характеристика научного стиля речи, 1804.61kb.
- Развитие письменной речи учащихся в процессе изучения литературы, 273.71kb.
- Развитие письменной речи учащихся в процессе изучения литературы, 270.5kb.
Министерство образования и науки Российской Федерации
Федеральное агентство по образованию
Государственное образовательное учреждение
высшего профессионального образования
«РОСТОВСКИЙ ГОСУДАРСТВЕННЫЙ УНИВЕРСИТЕТ»
МЕТОДИЧЕСКИЕ УКАЗАНИЯ
к циклу материалов по практике устной и письменной речи
по теме «Моя будущая профессия: преподаватель»
Ростов-на-Дону
2006
Методические указания разработаны кандидатом филологических наук, доцентом кафедры романо-германской филологии Т.И. Скоробогатовой и старшим преподавателем кафедры РГФ Е.А. Назаровой.
Ответственный редактор: канд. филологических наук А.И. Норанович
Компьютерный набор и верстка авторов
Печатается в соответствии с решением кафедры романо-германской филологии факультета филологии и журналистики РГУ, протокол № 4 от 20 декабря 2005 г.
Данные методические указания по практике устной и письменной речи (французский язык) по теме « Моя будущая профессия: преподаватель» предназначены для студентов V курса факультета филологии и журналистики, специальность «романо-германская филология».
Основная цель методических указаний – ввести студентов в круг основной проблематики в области профессиональной деятельности преподавателей, а также изучить терминологическую лексику по тематике методических указаний.
Данные методические указания состоят из 22 заданий, которые носят профессионально-ориентированную направленность и последовательно раскрывают все аспекты деятельности преподавателя по обеспечению учебного процесса, созданию благоприятной психологической обстановки в аудитории, права и обязанности преподавателя. Представленные задания информативны и насыщены тематической лексикой. Собранный в методических указаниях материал включает перевод текстов со словарем, реферирование микротекстов, необходимую для ведения урока лексику, словарь-минимум методико-педагогических терминов, лексические комментарии, темы и ситуации для обсуждения, различные творческие задания.
В данных методических указаниях использованы оригинальные тексты из произведений современных авторов и классиков французской литературы, а также из французской периодической печати и франкоязычного сегмента Интернета.
1. Trouvez des arguments qui permettent d’affirmer que le métier d’apprendre est le plus vieux métier du monde.
Le plus vieux métier du monde n’est pas celui qu’on croit
Dans un de ses livres, Hélène Trocmé-Fabre écrit que le métier d’apprendre est sans doute le plus vieux métier du monde. Elle a raison. Citons complètement l’auteur: «Traditionnellement, les acteurs du monde éducatif ont positionné l'acte d'apprendre scolaire dans une relation d'instruction et de commande, où le savoir est transmis, enseigné, où les connaissances sont dites « acquises », les résultats « évalués ». Seul l'enseignant a un métier. Parler du « métier d'apprendre » permet de quitter la relation de type transmissif pour une relation en boucle dans laquelle celui qui apprend est acteur et auteur de son processus d'apprenance. Les travaux des neurobiologistes soulignent que notre capacité d'apprendre est présente tout au long de notre vie, à condition d'être reconnue, développée, actualisée. Les chercheurs précisent qu'on ne peut pas apprendre isolément. Pour apprendre il faut être relié à un contexte physique, social, affectif, cognitif. Pour toutes ces raisons, il est possible de suggérer que le métier d'apprendre est, sans doute, ...le plus vieux métier du monde!»
2. Cherchez la définition des mots “profession” et “métier”. Dans quels contextes les emploie-t-on ordinairement ?
3. Expliquez l’emploi des termes: maître, professeur, instituteur, enseignant.
4. Traduisez du français :
Profs, mode d’emploi
La rentrée des classes a toujours quelque chose d’excitant et d’inquiétant à la fois. On franchit la porte de son école, avec des salles de classe qui sentent bon la peinture fraîсhe, on rencontre ses profs qui se révéleront sévères ou laxistes, maniaques ou distraits, passionnants ou bien soporifiques. Dès les premiers jours, préaux et sorties d’école bruissent de mille rumeurs alarmantes: “Il paraît que notre prof de math est une peau de vache et qu’elle saque tous les élèves moyens”. Normal que les jeunes et leurs parents s’interrogent: en réalité, que valent ces profs?
Les profs, c'est un peu comme la loterie, vous ne savez pas à l'avance ce qui vous attend... Heureusement, ils ne se ressemblent pas tous! II y en a toujours un, ou même plusieurs, avec qui vous allez bien vous entendre.
Le prof copain
II vous tutoie, il a l'air de tout comprendre... Toutefois, restez vigilant! Il peut quand même mettre des zéros et n'hésitera pas au premier nuage noir dans vos relations à vous rappeler qu'il y a des limites à ne pas dépasser.
Alors, pour ne pas vous faire rappeler à l'ordre, prenez les devants et n'oubliez jamais cette règle d'or: il y a les élèves d'un côté, les profs de l'autre. Chacun son rôle...
Le prof à un an de la retraite
En quarante ans de carrière, il a tout vu passer: des malins, des cancres, des grands génies... Pour sa dernière année, deux solutions: ou il veut finir l'année tranquille, et si vous ne l'embêtez pas, il ne vous embêtera pas non plus. Ou bien il a décidé de finir sa carrière en beauté et il dépensera des trésors d'énergie pour vous transmettre une dernière fois tout son savoir: c'est le moment d'ouvrir grand vos oreilles et vos yeux...
Le prof débutant
En général il est plein de bonne volonté : il a choisi ce métier parce qu'il y croit et ce n'est pas le moment de lui enlever ses illusions...
Il est souvent intéressant puisqu'il est intéressé, mais encore faut-il que vous lui laissiez la chance de s'exprimer. Ce n'est pas facile de débuter, sachez profiter de son enthousiasme et renoncez à vos envies de cocottes en papier.
Le prof qui vous a dans le collimateur
Quoi que vous fassiez, vous vous faites repérer. Visiblement vous n'avez pas le mode d'emploi... Prenez votre mal en patience, faites-vous tout petit, invisible et surtout, ne vous mettez pas dans votre tort: sans résistance de votre part, il risque de se lasser...et de trouver une autre tête de Turc*.
Pour vous remonter le moral, rappelez-vous que deux heures sur trente-quatre semaines, cela ne fait jamais que 68 heures... Soit la valeur de trois petites journées. Une broutille sur toute l'année. Inutile de vous rendre malade...
Le prof rêveur
Il arrive toujours à l'école avec des chaussettes dépareillées, il lui manque un bouton, il oublie systématiquement de vous rendre les copies... Bref, il est dans la Lune, ou plutôt dans son sujet.
Qu'il s'agisse de Molière ou des équations du deuxième degré, il est totalement passionné par sa matière. Il saura vous transmettre sa passion... si vous n'en profitez pas pour faire votre devoir du cours suivant puisque, bien entendu, il n'y verra que du feu!
Le prof sévère… mais juste!
Au bruit de ses semelles dans le couloir, le silence s'installe comme par enchantement... Ce n'est pas avec lui que vous augmenterez votre stock de blagues.
En revanche, un prof sévère est aussi exigeant avec les élèves qu'avec lui-même : il veut que vous progressiez et il va s'en donner les moyens.
Les notes qu'il vous met sont rarement très élevées car il pense que vous pouvez toujours faire mieux. Voilà un excellent stimulant: cette année, vous allez vous surpasser!
Le prof génial
Toute l'école rêve de tomber sur lui. Eh bien, cette année, c'est tombé sur vous! Qu'importe la matière, il vous intéresserait même à la reproduction des fourmis ou à la culture du brocoli !
Vous n'avez qu'à vous laisser bercer par le son toujours mélodieux de sa voix. Il a l'art de rendre ses cours aussi vivants que les récréations et vous ne voyez pas l'heure passer... Dégustez votre plaisir: vous vous en souviendrez longtemps!
Le prof de la matière que vous détestez
Déployez avec lui des trésors de diplomatie. Vous êtes encore au début de l'année, si vous alliez le voir pour tenter de comprendre pourquoi vous vous sentez dépassé? Il appréciera probablement votre bonne volonté. En tout cas, ne lui laissez surtout pas croire que vous avez baissé les bras. Donnez-lui plutôt l'espoir qu'avec lui, tout peut s'arranger. D'ailleurs, si vous en profitiez pour progresser vraiment?
Le prof principal
II est votre plus sûr allié parmi tous vos profs: c'est à lui qu'il faut raconter les ennuis que vous pouvez avoir à l'école comme dans votre famille. Son rôle est de vous soutenir en cas de baisse de moral, de difficultés passagères... N'hésitez pas à lui demander conseil. Et souvenez-vous que c'est lui qui vous défendra lors des conseils de classe: les résultats dépendent de votre travail, mais aussi de votre diplomatie...
D'une manière générale, les profs aiment vous voir travailler, participer et dialoguer. Sachez leur faire apprécier vos vraies valeurs (évidemment quand c'est dans la matière où vous excellez, c'est plus facile...).
Mais attention, il y a tout de même des limites: n'en faites pas trop, ils ne sont pas dupes. Et n'oubliez pas que pour les profs aussi, les élèves, c'est la loterie : essayez cette année d'être un gros lot et laissez-leur un souvenir inoubliable...
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☻Au sens propre, une «tête de Turc» est une sorte de dynamomètre sur lequel on s'exerçait dans les foires (1886), en frappant sur une partie représentant une tête coiffée d'un turban; d'où le rapprochement avec l'expression, au figuré, «tête de Turc» qui signifie une personne qui est victime des railleries et des plaisanteries de quelqu'un.
5. Devenir prof: contraintes ou plaisir? Exprimez votre avis en répondant à ces questions :
- Pourquoi voudriez-vous faire ce métier ? Comment y êtes vous venue (hasard, détermination,...) ?
- Qu’est ce qui vous plaît le plus dans l’exercice de сe métier (la reconnaissance, le salaire, les vacances et le temps libre, le contact avec les élèves, etc) ?
- Qu’est ce qui vous plaît le moins (les problèmes administratifs, le salaire, la tension nerveuse, le manque de considération des parents, etc) ?
- Quels sont les problèmes que vous pouvez rencontrer dans cette activité ?
- Quelles sont les connaissances et les compétences requises pour exercer cette activité ?
- Quelles sont les qualités requises chez la personne pour exercer cette profession (intérêt pour les langues étrangères, intérêt pour l’enseignement, résistance nerveuse, patience, aptitudes pédagogiques, facilité d’expression, autorité naturelle...) ?
- Qu’est-ce qui aujourd’hui fait hésiter les jeunes devant le métier d’enseignant (la baisse du statut social de ce métier, le niveau de salaires, le manque de perspectives dans la carrière, peu de satisfactions personnelles, etc) ?
6. L’enseignant a des droits et des obligations . Il a le droit de disposer d’une autonomie dans ses choix pédagogiques, afin d’exercer au mieux son métier. Cette autonomie doit s’exercer dans le respect de certains principes. Pourriez-vous compléter la liste de ces principes?
- Placer les élèves au centre de la réflexion et de l’action du professeur.
- Considérer les élèves comme capables de devenir les acteurs de leur propre formation.
- Agir avec équité envers les élèves.
- Respecter leur diversité.
- Etre attentif à leurs difficultés.
- Travailler en équipe avec les autres enseignants.
- Poursuivre sa propre formation tout au long de sa carrière.
- Instruire les jeunes.
- Contribuer à leur éducation.
- Assurer une formation en vue de leur insertion (sociale et professionnelle).
- Faire acquérir les connaissances et savoir faire.
- Développer les aptitudes et capacités des élèves.
- Développer leur esprit critique.
- Construire leur autonomie.
- Leur faire élaborer un projet personnel.
- Préparer les élèves au plein exercice de la citoyenneté.
7. Lisez ces témoignages et parlez du rôle du professeur dans la création d’un climat psychologique favorable :
Julien, professeur en classe de 3e : Le métier d’enseignant est fabuleux. Il faut avoir le goût d’aider les jeunes et être très patient. On doit aimer répéter, redire différemment, remettre sa pédagogie en cause. Il faut aussi savoir être à l’écoute des jeunes et se mettre à leur niveau. Malheureusement, nombreux sont les jeunes professeur qui se lance directement dans le métier. Enfin, il faut aimer travailler en équipe, ne pas regarder uniquement la sécurité de l’emploi et les vacances ! « Enseignants », Avenirs № 500, ONISEP
Laurence, professeur d’histoire-géographie (en collège) : Toute jeune, j’ai été très marquée par des figures d’enseignants. Alors j’ai tout naturellement eu envie de faire connaître à des élèves ce que j’avais moi-même vécu. Autrefois, le prof faisait un cours magistral. On n’en retirait pas grand-chose d’ailleurs. En tout cas, personnellement, j’en ai gardé peu de souvenir. Aujourd’hui, on travaille beaucoup plus à partir de documents. Les élèves sont actifs, ils participent. Ce que j’apprécie dans le métier, c’est justement cet échange. « Enseignants », Avenirs № 500, ONISEP
Philippe, professeur agrégé de physique-chimie (en collège et lycée) : Il faut sans arrêt susciter l’intérêt de ses élèves. Ils sont rarement enclins à chercher par eux-mêmes des explications. J’aimerais les rendre plus autonomes. C’est un métier qui demande beaucoup de lucidité. Il faut être capable de se rendre compte si les connaissances passent ou pas. Et avoir le désir d’améliorer les choses. Bref, il faut toujours se remettre en question. « Enseignants », Avenirs № 500, ONISEP
Hélène Papiernik, professeur de fraçais (en collège) : Quel souvenir ai-je de mes débuts ? Ç’a été très dur. Pour moi, dans ma carrière, il y a vraiment cette année-là, horrible, et, d’un autre côté, les dix autres, qui n’ont rien eu à voir. La première année, je m’en souviens encore, on m’avait donné la sixième 11. C’était la classe la plus difficile du collège. Ils étaient nuls, ne voulaient pas travailler. Et, quand je renvoyais un élève, le surveillant le faisait immédiatement remonter en cours. Je ne m’en sortais pas. Je hurlais, ils ne m’écoutaient pas. À la fin, j’étais tellement mal que je ne pouvais plus dormir la veille de mes cours. Ce qui m’a sauvée, c’est d’avoir été enceinte. Et, quand je suis revenu l’année suivante, j’avais refléchi. Je n’ai plus jamais eu ces problèmes. C’est devenu tout à fait exceptionnel. J’ai compris qu’il ne fallait pas que je crie. Je ne fais pas peur. Je suis ridicule. Ça ne marche absolument pas. Et, en plus, pour les enfants qui vivent chez eux dans un climat de violence, c’est une nouvelle violence. Maintenant, je n’essaie pas d’établir des rapports de force. Quand il y a du bruit, je me tais. Je fais une remarque, j’ironise. Et ça suffit. J’arrive à maintenir le calme sans que ce soit la dictature. J’ai une autorité naturelle. Je peux accepter la négociation. Cela dit, faire face à 25 enfants, 5 ou 6 heures par jours, c’est quelque chose d’usant. Je ne rériste pas 7 heures d’affilée. « L’Express » 4/9/97, p.32
8. Après avoir lu le texte, donnez votre opinion sur ce problème: Peut-on évaluer objectivement le travail d'un enseignant? Comment encourager et récompenser les meilleurs? Comment améliorer les moins bons? Que faire de ceux qui apparaissent inaptes à l'enseignement?
Les bons et les mauvais profs
Dans chaque établissement, il existe un palmarès des profs, colporté par le bouche- à-oreille. Palmarès officieux, secret: pour l'Éducation nationale il n'existe pas de bons et de mauvais profs. «Il n'y a pas de mauvais profs, s'indigne un spécialiste de pédagogie. Il n'y a que des gens en difficulté, des dysfonctionnants!»
Ce ne sont pas les élèves qui passent à côté du sujet. Eux entendent bien les deux termes du libellé: «les bons et les mauvais profs», cela existe. Ils les ont rencontrés. Elsa, écolière, a eu «une maîtresse supergentille mais pas trop avec elle, on apprenait sans s'en rendre compte et une autre, qui faisait peur avec elle, on avait souvent mal au ventre». Lucas, collégien, est tombé sur «deux profs pas pareils du tout». Le premier: «Un cool qui sait être dur. Assez vieux, habillé en Mai-68, avec une barbe toute crade. Il raconte drôlement bien le Moyen Âge. Pour faire le seigneur qui harangue son peuple, il grimpe sur sa chaise.» La seconde: «Une froide et méchante, avec des habits bien repassés. Elle dictait ses cours mais sortait parfois des conneries sur l'exécution de LouisXVI.» Isabelle, bachelière, se souvient des deux profs qui l'ont marquée. Celui de philo: «Yeux brillants, jamais assis, jamais agressif, il parlait de tout et parfois nous laissait presque au bord des larmes, d'émotion. Il m'a appris à moins me tromper sur le monde.» En 3e, en revanche, la prof de lettres «hurlait son cours pendant que nous préparions une bataille rangée, balançait une trousse par la fenêtre quand elle n'en pouvait plus, annonçait qu'elle avait ses règles, voyait les antisèches sur nos genoux mais laissait faire. Un jour, un garçon s'est mis à effleurer ses seins, en la félicitant de son nouveau pull. Elle a eu l'air flattée: il a recommencé.»
Et tous de dévoiler ainsi l'intimité des heures de classe. Avec Untel, ils aiment tellement le latin qu'ils finissent par réciter du Plaute en pleine campagne. Avec Machin, ils se font souvent «casser». Machin, ça peut être le prof de technologie qui ordonne au début de chaque cours: «Je veux voir les mains à plat sur la table tant que je ne dicte pas.» Ou le «légionnaire» qui hurle: «Je vais te casser la bite!» Ou encore la peau de vache qui balance à Elsa: «Enrobée comme tu es, tu aurais eu du succès à l'époque...»; et à Zohra: «Ne vas pas à Henri-IV; sociologiquement, tu ne serais pas à ta place.»
Terribles ados, avec leur oeil impitoyable et leurs exigences à la fois minimales: «On devrait sentir un peu de chaleur avec un prof»; et démesurées: «Il faut vraiment être parfait pour être prof». Affreuse blague en tout cas que celle qui a envahi les cours de récré: Quelle est la différence entre un pédophile et un prof? Le premier, au moins, aime les enfants.
A l'école, le meilleur et le pire se côtoient. Un enseignant peut faire ouvrir le lycée le dimanche avant le bac pour entraîner ses élèves, demander des emplois du temps «à trous» (entre les cours) pour lancer un projet éducatif ou encore tenir le coup jusqu'au bout malgré la maladie; mais il peut aussi mettre les élèves devant la télé et aller faire son tiercé, continuer sa leçon sans voir le gamin debout faisant admirer sa «bite» aux petites voisines, perdre régulièrement ses élèves au retour du stade, et même reculer les pupitres et annoncer à ses classes en début d'année: «Vous êtes des démons, restez éloignés!»
«Voyez ces quatre gros dossiers, lance un proviseur. Ce sont ceux de quatre profs à problèmes. A eux quatre, ils me prennent plus de temps que les cinquante autres réunis.» Et d'énumérer: «Un au bout du rouleau, une bordélisée, une terreur, un alcoolique. J'ai tout fait et ils sont toujours là. Même l'inspecteur n'a pas pu faire partir la terreur, qui ne fait cours que pour les quatre meilleurs élèves. Pourtant, il a sa fille dans sa classe!»
À les entendre, les chefs d'établissement n'auraient pas plus les moyens de gratifier un enseignant hors pair, sauf à lui confier les bonnes classes ou à le proposer pour les Palmes académiques, que de sanctionner un nul ou un «givré». Ce qu'ils font quand ils ont un «cas»? Ils ne dénoncent pas, ne portent pas l'affaire sur la place publique. Ils «bricolent». Ils font épauler le défaillant par des collègues ou lui adressent des admonestations écrites. Quand ça ne suffit pas, ils ne lui donnent plus qu'un mi-temps et compensent avec des heures supplémentaires. Le plus souvent, ce n'est que le jour où les parents se décident à monter au créneau qu'ils alertent l'inspection ou font un «signalement». Il faut alors monter un dossier, réunir des preuves. C'est long. Au bout du compte, les histoires se soldent généralement par des arrangements à l'amiable: ce sera le déplacement, la nomination comme remplaçant, au pire la démission sous pression. Comme cette angliciste que les élèves empêchaient parfois de faire cours en empilant les tables devant la porte. Le principal du collège a mis quatre ans pour la faire mettre en congé de longue durée. Dans la foulée, elle a reçu les Palmes académiques sur le contingent réservé aux syndicalistes. Ou encore ce jeune instituteur mal dans sa peau qui, dit un directeur d'école de banlieue, «avait peur des gamins». On l'a envoyé dans un village résidentiel. Au bout de trois mois, les parents protestaient tellement qu'on l'a renvoyé dans sa banlieue. Jusqu'à ce que l'inspecteur le persuade de démissionner.
Et puis, plus grave encore, il y a des cas de pédophilie. «J'ai vu deux affaires de ce type, confie un chercheur. Dans l'une, on a déplacé l'enseignant en lui disant: On vous a à l'oeil. Dans l'autre, on l'a poussé à la démission en le menaçant de porter le dossier devant les tribunaux. L'école, c'est comme le clergé, on préfère y régler les problèmes entre soi.»
Mieux vaut sans doute rappeler aux profs, les bons comme les mauvais, quelques conseils de sagesse. En voici cinq, puisés aux meilleures sources:
«Bon prof, on ne l'est pas tous de naissance. Quand on ne l'est pas, il faut se dire qu'on peut s'améliorer» (Dominique Borne, doyen de l'inspection générale d'histoire); «La vertu numéro 1 du métier, c'est la persévérance. Un bon prof, c'est un coureur de fond, pas un sprinter» (Anne-Marie Chartier); «Le maître fait faire à l'élève un parcours, mais il ne l'emmène jamais aussi loin qu'il l'aurait souhaité. Il ne doit pas oublier que l'enfant résiste à l'école» (un inspecteur général); «Il est normal de ne jamais être satisfait de ce que l'on fait. Cela veut dire qu'on a de l'exigence envers soi-même. Les élèves l'entendent toujours» (Philippe Meirieu, chercheur en sciences de l'éducation).
Et, pour finir, cette règle d'or à graver dans les salles des professeurs: «Un bon prof, c'est d'abord un pas mauvais.»
Nouvel Observateur, 1997, № 1713