Stendhal

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ot;Je suis damnйe irrйmйdiablement damnйe ... Mais au fond je ne me repens point. Je commettrais de nouveau ma faute si elle йtait а commettre."

Ce thиme de linstant exquis revient constamment dans loeuvre de Stendhal. Par exemple dans Lucien Leuwen : "Jamais il navait rencontrй de sensation qui approchвt le moins du monde de celle qui lagitait. Cest pour ces rares moments quil vaut la peine de vivre."

Lui-mкme raconte dans La Vie dHenri Brulard comment il connut un jour а dix-sept ans une approche voisine du "bonheur parfait" а la seule vue dun paysage : "Je voyais ce beau lac sйtendre sous mes yeux, le son de la cloche йtait une ravissante musique qui accompagnait mes idйes et leur donnait une physionomie sublime ... Pour un tel moment il vaut la peine davoir vйcu."

Le bonheur donc, cest une occasion privilйgiйe, que les вmes йnergiques savent saisir : "Il se sentait entraоnй, il ne raisonnait plus, il йtait au comble du bonheur. Ce fut un de ces instants rapides que le hasard accorde quelquefois comme compensation de tant de maux aux вmes faites pour sentir avec йnergie. La vie se presse dans les coeurs, lamour fait oublier tout ce qui nest pas divin comme lui, et lon vit plus en quelques instants que pendant de longues pйriodes."

La passion chez Stendhal na pas seulement une valeur intrinsиque. Les вmes de qualitй attendent davantage quune existence plate ou une ambition ordinaire. Lorsquelles dйcouvrent lamour cest lillumination soudaine, lйcroulement des dйcors de ce thйвtre dombres, lapparition de la vraie vie.

Cest un trait commun aux personnages stendhaliens issus de la haute sociйtй quils ne se satisfont pas de leur condition. Lorgueilleuse Mathilde de La Mole est apparemment comblйe par le sort : "Que pouvait-elle dйsirer ? La fortune, la haute naissance, lesprit, la beautй а ce quon disait, et а ce quelle croyait, tout avait йtй accumulй sur elle par les mains du hasard." Pourtant les brillants cavaliers "parfaits, trop parfaits" qui lui font la cour lennuient : "Elle abhorrait le manque de caractиre, cйtait sa seule objection contre les beaux jeunes gens qui lentouraient. Plus ils plaisantaient avec grвce tout ce qui sйcarte de la mode, ou la suit mal croyant la suivre, plus ils se perdaient а ses yeux." Ce qui lattire - et lirrite - chez Julien cest quil ne ressemble pas aux autres, et quil a prйcisйment du caractиre : "Celui-lа nest pas nй а genoux, pensa-t-elle."

Cest toujours en effet а la sociйtй et а ses tabous que vient se heurter la passion stendhalienne mкme quand elle est partagйe.

Cest dans la solitude de sa prison alors quil a йtй condamnй а mort et dans lattente de son exйcution que Julien Sorel rencontre le bonheur et lamour : "A aucune йpoque de sa vie Julien navait trouvй un moment pareil ... Jamais il navait йtй aussi fou damour." Il vit dans linstant, "sans presque songer а lavenir", le temps pour lui est arrкtй. "Par un йtrange effet de cette passion, quand elle est extrкme et sans feinte aucune, Mme de Renal partageait presque son insouciance et sa douce gaietй." Nous retrouvons lа cette aptitude а jouir du moment de bonheur, malgrй le tragique de la situation et pour une part а cause de lui, qui est un trait du hйros stendhalien. Dans les Cenci, quand Bйatrix finit par avouer, sous la torture, sa culpabilitй dans le meurtre de son pиre, tous les prisonniers membres de la conjuration bйnйficient avant lexйcution dun rйgime de faveur ! "Aussitфt on фta les chaоnes а tous et parce quil y avait cinq mois quelle navait vu ses frиres, elle voulut dоner avec eux et ils passиrent tous quatre une journйe fort gaie."

Mais cest dans La Chartreuse de Parme que ce thиme du bonheur dans la solitude apparaоt dans tout son йclat, avec les йtranges amours de Clйlia et de Fabrice.

Cest dans sa prison que Fabrice йtrangement va lui aussi trouver le bonheur. Dиs son arrivйe dans la citadelle il est "йmu et ravi par le spectacle" quil voit de sa fenкtre grillagйe : "Par une bizarrerie а laquelle il ne rйflйchissait point, une secrиte joie rйgnait au fond de son вme ... Au lieu dapercevoir а chaque pas des dйsagrйments et des motifs daigreur, notre hйros se laissait charmer par les douceurs de sa prison." La raison de cette joie secrиte est facile а dйceler, cest quil a conscience de la prйsence de Clйlia, tout prиs de lui dans la citadelle, Clйlia quil espиre apercevoir. Lui qui avant de la rencontrer est amoureux de lamour mais qui se contente de collectionner les maоtresses sans sattacher vraiment а aucune ("Pour lui une femme jeune et jolie йtait toujours lйgale dune autre femme jeune et jolie, seulement la derniиre connue lui semblait la plus piquante"), lui pour qui une des dames les plus admirйes de Naples a fait des folies "ce qui dabord lavait amusй et avait fini par lexcйder dennui", le voici qui soudain dйcouvre une puissante raison de vivre. Et cest dans une prison. Le symbole est йvident : cest la sociйtй qui est laccusйe. Au faоte de la tour Farnиse, Fabrice rкve, il admire la beautй de limmense horizon, de Trйvise au mont Viso, les pics alpins couverts de neige, les йtoiles, et sarrкte а cette conclusion : "On est ici а mille lieues au-dessus des petitesses et des mйchancetйs qui nous occupent lа-bas."

Il est tellement йmu dapercevoir Clйlia а travers la meurtriиre quil a percйe dans un abat-jour de bois destinй а lui cacher le palais du gouverneur quil en oublie sa condition de prisonnier. Quand le trouble de la jeune fille lui montre quil est aimй, son coeur est inondй de joie : "Avec quels transports il eыt refusй la libertй si on la lui eыt offerte en cet instant." Il la refuse dailleurs quand sa tante la duchesse Sanseverina propose de le faire йvader, car il ne veut pas quitter "cette sorte de vie singuliиre et dйlicieuse" quil trouve auprиs de Clйlia : "Nest-il pas plaisant de voir que le bonheur mattendait en prison ? ... Est-ce que jamais lon se sauva dun lieu oщ lon est au comble du bonheur ?" Il faut que Clйlia elle-mкme, qui craint son assassinat, le contraigne sous serment а accepter le projet de la duchesse et du comte Mosca. Il sйvade alors de la forteresse, arrive sans encombre sur les terres de la duchesse, retrouve les paysage, "le lac sublime", qui lenchantaient dans son adolescence, mais, au sombre dйsespoir de sa tante, il tombe dans une mйlancolie quil narrive pas malgrй tous ses efforts а masquer. "Le sentiment profond par lui cachй avec beaucoup de soin йtait assez bizarre, ce nйtait rien moins que ceci : il йtait au dйsespoir dкtre hors de prison."

Mais lamour physique dans tout cela, que devient-il ?

Il est vrai quen apparence il est absent de loeuvre de Stendhal.

Dans son article sur La Chartreuse, Balzac avait dйjа notй le phйnomиne. "La Chartreuse de Parme est plus chaste que le plus puritain des romans de Walter Scott."

Et pourtant le sujet en lui-mкme pouvait paraоtre scabreux puisquil sagissait de lamour incestueux dune belle duchesse pour son neveu. Mais Balzac encore a raison dadmirer : "Faire un personnage noble, grandiose, presque irrйprochable dune duchesse qui rend un Mosca heureux et ne lui cache rien, dune tante qui adore son neveu Fabrice, nest-ce pas un chef-doeuvre ?"

Certains le soupзonnent davoir йtй un "babilan" comme Octave de Malivert dont il a racontй les amours malheureuses dans Armance. Cette hypothиse est aujourdhui largement rйfutйe par les historiens littйraires qui en appellent, non sans quelque raison, aux tйmoignages trиs explicites de ses maоtresses, en particulier aux lettres de la comtesse Curial et aux confidences dAlberte de Rubemprй, lesquelles apparemment ne se seraient pas contentйes de lвme.

Ce qui est vrai cest que son extrкme sensibilitй a pu jouer а Stendhal de mauvais tours dans certaines circonstances. Il nous raconte lui-mкme que lors dune "dйlicieuse partie de filles" organisйe par ses amis а Paris lors de son retour de Milan, laissй seul avec une courtisane dйbutante, la belle Alexandrine, il savйra dйfaillant et fit "un fiasco complet" parce quil ne pouvait se dйbarrasser du souvenir de Mathilde la bien-aimйe. Doщ sa curiositй pour rechercher les causes des fiascos qui nous vaut un chapitre dans De lamour. Mais il est un peu rapide darguer de ces incidents de parcours que ce subtil analyste de la passion aurait йtй rйduit au platonisme pur.

Pour Stendhal le mythe de Don Juan, son rфle satanique, est йtroitement liй а la morale chrйtienne et aux tabous sexuels quelle a artificiellement imposйs. "Pour que le Don Juan soit possible il faut quil y ait de lhypocrisie dans le monde ! Le Don Juan eut йtй un effet sans cause dans lAntiquitй. La religion йtait une fкte, elle exhortait les hommes au plaisir."

Aussi, au dйpart, une grande partie du plaisir quйprouve Don Juan