Расколотая цивилизация. Наличествующие предпосылки и возможные последствия постэкономической революции

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La troisième
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L'activité instinctive “prélaborieuse”, issue, au fond, d'impulsions bestiales, le travail en tant que besoin conscient de transformer la nature pour obtenir un résultat matériel et, enfin, la création, dont le contenu essentiel est l'épanouissement maximum de la personnalité constituent donc les trois types d'activité, caractéristiques des époques prééconomique, économique et postéconomique du progrès social.

Le deuxième critère nous permet d'analyser un autre aspect du même problème. Dans le contexte de la prééminence de l'activité instinctive, l'homme ne se sent pas rebelle à la nature et ne s'oppose pas à ses semblables. Au sens propre de cette notion, l'intérêt individuel est absent, les aspirations de chaque individu ne visent que le maintien d'un certain niveau de consommation et, en cette qualité, elles sont absolument identiques à celles des autres membres de la communauté. Il n'y a donc pas contradiction d'intérêts. Par la suite les gens commencent à se percevoir comme des rivaux dans la lutte pour l'appropriation des biens matériels; la quantité limitée de ces derniers a pour corollaire un affrontement d'intérêts individuels similaires de par leur nature mais foncièrement différents quant à leurs tendances. Le mécanisme d'interdépendance de ces intérêts est déterminé par la structure sociale de la société économique. Quand, enfin, l'objectif le plus important de la majorité des individus devient l'épanouissement de la personnalité, les intérêts de l'homme sortent du cadre matériel et, partant, cessent d'être antagoniques et potentiellement hostiles. Le stade postéconomique se forme donc en tant qu'état social global, affranchi de contradictions insurmontables entre les gens.

Dans cette approche, la période moderne se présente comme l'étape du devenir de la société postéconomique, l'étape de la transformation postéconomique. Pour pouvoir analyser ses orientations essentielles, il convient de définir les principales caractéristiques de l'étape économique, niées au cours de cette transformation. Ces caractéristiques, au nombre de trois, sont la motivation matérialiste de l'activité de l'homme, l'existence de la propriété privée et le caractère de marché des rapports économiques.

La première caractéristique découle directement de la définition de l'époque économique comme assise de l'activité laborieuse. D'où, premièrement, la possibilité de voir l'homme privé du produit qu'il crée au profit d'autres membres de la société. La deuxième conséquence est le fait que le volume de la production des biens matériels est restreint, ce qui génère la concurrence dans la lutte pour la maximi-sation de leur appropriation. De son côté cela suscite chez tout travailleur une vive hostilité vis-à-vis tant de la perspective d'être privé du produit de son travail que des groupes et classes sociaux qui l'accaparent. Par conséquent, le conflit qui naît entre certains individus et groupes sociaux qui revendiquaient le volume limité des biens matériels est un important signe distinctif de la société économique. Ce conflit affermit la société, rendant tous ses éléments interdépendants et complémentaires. C'est lui précisément qui est à la base de ce phénomène que l'on appelle exploitation et qui existe dans toute société fondée sur le travail. C'est la raison pour laquelle l'élimination de l'exploitation au cours de la transformation postéconomique a lieu non pas comme un renoncement de la société à l'accaparement des biens, mais comme le dépassement de la sensation subjective que cet accaparement contredit les principaux intérêts de l'individu.

La deuxième caractéristique apparaît en quelque sorte comme le revers de la première. Là où l'appropriation des biens matériels intervient en qualité d'objectif principal de chaque individu, un rapport social sanctionnant les résultats de cette appropriation ne peut que se former. Aussi affirmons-nous que la société économique a vu le jour là, où et quand l'homme a commencé non seulement à se distinguer de ses semblables, mais encore à considérer une partie des objets du monde extérieur comme lui appartenant et l'autre comme appartenant à d'autres individus. Cette deuxième caractéristique de l'époque économique est traduite par le phénomène de propriété privée. Cette dernière est une des formes naturelles de la manifestation des principes de la société économique; l'analyse révèle que du point de vue du progrès social, son seul aspect négatif est peut-être le fait que l'objet de la propriété échappe à celui qui l'a produit et que, partant, un individu peut se l'approprier, et ce quelles que soient ses qualités. Le dépassement de la propriété privée lors de la transition à la société postéconomique a lieu non pas par la socialisation de la production, mais par la création d'un système de propriété privée, supposant la possession individuelle éventuelle de l'environnement nécessaire pour la production, et aussi interdisant l'appropriation de biens quelconques par des gens inaptes à les utiliser conformément à leur destination sociale. (Il s'agit bien évidemment du secteur informatique de l'économie).

La troisième particularité de la société économique s'incarne dans l'organisation de celle-ci sur la base des principes de marché. Nous envisageons I'économie de marché non pas comme synonyme de production marchande, mais comme un de ses aspects historiques, propre au caractère anarchique de la production, de la répartition et de l'échange des biens matériels, comparables à un certain équivalent. Indépendamment des propriétés de la marchandise qui sert de comparaison, les biens échangés dans le cadre de l'économie de marché sont multi-pliables et peuvent l'être sans restriction. Bien sûr, la transformation postéconomique ne nie pas l'échange de produits et d'activités entre les membres de la société du moment que cet échange constitue la teneur même de la vie sociale. Toutefois, lors de la satisfaction des besoins matériels, les marchandises et les services que les gens acquièrent sont davantage un instrument exprimant leur personnalité qu'une source d'existence. En conséquence, un nombre toujours plus grand de biens prennent une valeur subjective ou indicative, qui ne se détermine pas à l'aide de l'équivalent de marché. L'échange d'activités et de services se régularise pas tellement par les proportions sociales de la production que par les représentations individuelles de la valeur des biens. C'est ainsi que la transformation postéconomique prive les anciennes forces de marché de la possibilité d'”exercer une pression sur la société” et que l'économie de marché cède la place à d'autres principes d'organisation.

La classification de l'histoire universelle en époques prééconomique, économique et postéconomique constitue pour le chercheur l'instrument le plus heureux, pensons-nous, pour interpréter l'évolution sociale contemporaine. La période actuelle se caractérise par la formation de la majorité des prémisses indispensables pour le passage à la société postéconomique dans le cadre de la communauté des pays industrialisés. Ces prémisses ont des aspects tant objectif que subjectif. D'un côté, le haut niveau de développement des forces productives permet de réduire sensiblement le nombre d'emplois dans les branches de la production matérielle et de dynamiser le secteur tertiaire (biens de consommation, services) ainsi que la production d'informations. Ces secteurs réclament la formation de personnels aux qualités et possibilités exceptionnelles. A cet égard, le développement des potentialités humaines est une condition sine qua non du progrès économique. De l'autre, alors que la satisfaction des besoins matériels et que le statut social s'obtiennent en élevant le potentiel de la personnalité, le perfectionnement se hisse naturellement au sommet de la hiérarchie des valeurs du travailleur moderne; du fait de l'évolution de la structure des motivations on voit se former au sein des nouvelles générations un type de personnalité pour qui l'essentiel est non pas une consommation matérielle maximale, mais le souci de parvenir à l'harmonie et à la perfection intérieures. On aboutit ainsi à ce que le développement de l'individu s'identifie à celui de la production d'informations et de connaissances, principal catalyseur du progrès économique moderne; le cercle se referme et l'autosuffisance, l'autoassistance constituent le nouveau système de reproduction de la richesse sociale.

Entre-temps, le devenir de la société postéconomique est en quelque sorte la seconde révolution gigantesque connue par l'humanité, et pour cette raison, elle ne saurait ne pas être un processus extrêmement contradictoire, dont l'assise objective est l'”autonomisation” de l'individu, consécutive au fait que désormais l'accent est mis sur l'activité créatrice et le développement du secteur informatique. Dans le contexte où la production des connaissances peut se faire hors des grandes structures économiques, une concentration rapide des potentialités et de l'impact économiques sur les “points de croissance” de l'économie postindustrielle est possible. Compte tenu également que la couche sociale produisant les informations et les connaissances est un élément fermé et autonome de la société, on peut conclure que dans les prochaines décennies son pouvoir sur les autres sociums sera plus fort et complet que celui de toutes les autres dominations de classe connues jusqu'ici. Qui plus est, la nouvelle classe supérieure non seulement accapare une part toujours plus grande de la richesse sociale, mais encore la crée, en vertu de quoi elle a besoin, dans une mesure bien moins grande que toutes les précédentes, de groupes sociaux complémentaires (paysannerie, prolétariat, etc.) pour entretenir et reproduire son statut.

Il découle de tout cela que la dynamique de l'inégalité sociale (de nos jours patrimoniale également) est un problème extrêmement important de la transition postéconomique. L'analyse de deux tendances essentielles permet de juger de l'acuité de ce problème dans la conjoncture actuelle.

D'un côté, le monde postéconomique prend corps en tant que structure économique autarcique et fermée. La diminution des besoins en matières premières et matériaux, le recours intense aux ressources intellectuelles du monde entier, la prééminence sans précédent et l'entrelacement toujours plus étroit dans le secteur technologique des processus économiques, politiques et sociaux qui se déroulent dans le cadre de la communauté des Etats industrialisés (composée aujourd'hui des pays membres de l'Union européenne, des Etats-Unis, du Canada et de l'Australie) réduisent objectivement son intéressement à nouer des contacts avec les autres régions de la planète. Au contraire, les pays émergents perdent continuellement de leur autarcie; pour pouvoir développer leur économie nationale, ils ont besoin d'investissements et de technologies occidentaux et le produit final de leurs systèmes économiques (denrées alimentaires, matières premières ou articles manufacturés d'usage courant) trouve moins de preneurs sur leurs marchés intérieurs. Par conséquent, en se transformant en centres d'économie informatisée, les pays postindustriels exportent des actifs non-matériels dans des quantités qui ne diminuent pas quel que soit le volume des exportations, tandis que les Etats émergents sont contraints de vendre soit des ressources naturelles non renouvelables, soit des biens matériels fruit du travail de leurs citoyens. Par ailleurs, la réduction brusque des investissements occidentaux ou de la demande du produit final des Etats du tiers monde aura pour ces derniers des conséquences catastrophiques du moment que d'ores et déjà ils ne sont plus à même d'influer sérieusement sur la stabilité économique du camp postindustriel, dans le cadre duquel se font la majorité des transactions commerciales et financières mondiales. Partant, le facteur s'opposant à la transition évolutive et non-violente à la société postéconomique est la tension croissante observée sur les frontières extérieures du monde postindustriel et la scission toujours plus profonde de la civilisation en deux composantes, dont la situation et les possibilités actuelles de développement se distinguent foncièrement.

D'un autre côté, une tendance pas moins dangereuse se développe au sein même des pays occidentaux. Plus le secteur informatique se ramifie et plus la production du savoir devient un élément incontournable pour pouvoir assurer la reproduction sociale, ce qui entraîne inévitablement une augmentation du prix des connaissances ainsi que des revenus de ceux qui les produisent. Compte tenu que ceux-ci sont à même d'oeuvrer de manière autonome et qu'ils sont bien moins soumis que les gens employés dans les secteurs traditionnels à la concurrence directe des autres personnels du secteur informatique (en premier lieu en vertu de leur spécialisation relativement étroite et du petit nombre de gens possédant des qualités aussi exceptionnelles), force est de supposer que la part de la richesse sociale qu'ils s'approprient croîtra au fil des années. Dans les sociétés occidentales modernes on peut observer la même rupture entre le secteur informatique et les autres branches économiques, rupture qui apparaît nettement dans les rapports entre la partie postindustrielle du monde et le reste de l'humanité. Soucieux de gagner la bataille de la concurrence, les leaders de la production matérielle multiplient les acquisitions d'innovations technologiques, affermissant de cette façon les positions du secteur informatique. En attendant, l'industrie de transformation et les services emploient des millions de travailleurs dont les professions s'acquièrent assez facilement et foisonnent; du fait de leur niveau d'instruction relativement bas, ils ne sont pas porteurs des valeurs postmatérialistes et songent prioritairement à élever leur condition matérielle. Dans ce contexte, le fait qu'ils ne soient pas à même d'y parvenir (étant donné la forte concurrence sur le marché du travail), quand le niveau de vie des employés du secteur informatique croît (alors qu'ils s'en préoccupent beaucoup moins), génère une nouvelle contradiction sociale qu'il est aujourd'hui pratiquement impossible de surmonter vu que les tentatives appropriées ralentissent le progrès économique et sapent les positions internationales des pays qui les entreprennent.

La transition à la société postéconomique s 'accompagne inévitablement d'une montée de l'inégalité dans pratiquement toutes ses formes. Cette thèse nous semble incontestable. Il importe de nos jours sinon d'éliminer cette inégalité, du moins de rechercher des méthodes à même de la maîtriser ainsi que d'élaborer des mesures pouvant ne serait-ce qu'atténuer partiellement ses effets négatifs. Aussi paradoxal cela soit-il, l'avancée formidable des pays occidentaux dans la voie de la transformation postéconomique confère un aspect dramatique à la situation présente. Dans ce contexte, aussi bien le maintien d'un équilibre acceptable des intérêts dans les pays postindustriels (du fait de la montée du bien-être matériel des travailleurs les plus qualifiés mais encore de la majorité des catégories de citoyens) que le fossé grandissant entre les Etats industrialisés et le tiers monde (étant donné qu'il est perçu comme une conséquence positive de la victoire du monde occidental sur ses adversaires politiques et économiques) ne peuvent être au centre de l'attention et envisagés comme les problèmes les plus brûlants de notre temps. L'approche de la période contemporaine en tant que genèse de la société postéconomique fixe inévitablement l'attention sur eux et cette circonstance nous semble extrêmement importante. Dans ce contexte, la destmction des fondements de la société industrielle en tant que système économique autarcique et le devenir du régime postindustriel comme réalité sociale ouverte sur l'avenir constituent des événements majeurs du dernier tiers du XX-eme siècle. Cependant ils ne doivent pas signifier que dans les années à venir les valeurs et les structures postindustrielles évinceront toutes les autres et triompheront à l'échelle universelle; au contraire, dans les conditions actuelles, un système social déterminé assure sa prédominance moins par son aptitude à l'expansion non-stop que par son autarcie et son herméticité face au reste de l'humanité, par le contrôle qu'il exerce sur les plus importantes ressources et technologies informatiques, par sa suprématie absolue comme concentration du gros du potentiel intellectuel de la civilisation.

Deux grandes crises attestant la formation du nouvel ordre mondial, caractérisé par la domination des principaux centres de la civilisation postindustrielle - les Etats-Unis et l'Union européenne - sur le reste de l'humanité ont nettement marqué les trois dernières décennies. La première a éclaté dans les années 70, alors que les pays occidentaux n'étaient pas encore pleinement postindustriels; quant à la deuxième, nous en sommes les témoins aujourd'hui, lorsque la composante postindustrielle aux Etats-Unis et en Europe est indubitablement le signe distinctif de leurs systèmes économiques. Dans le premier cas le monde postindustriel en formation était soumis à une pression massive sur deux axes: d'un côté, les prix des ressources naturelles qui avaient grimpé en flèche avaient brisé la structure habituelle de la production et suscité de graves déséquilibres sur les marchés intérieurs des pays développés; de l'autre, l'expansion des nouveaux Etats industrialisés, mettant à profit les avantages découlant en premier lieu des conditions favorables offertes par la production des articles manufacturés (main-d'oeuvre bon marché, présence de spécialistes qualifiés, prix accessibles des nouvelles technologies et aide publique à l'industrialisation) a gravement compromis la compétitivité des marchandises des Etats postindustriels sur les marchés mondiaux et provoqué un flux de capitaux dans les pays de la périphérie capitaliste. Dans le second cas, faisant jouer leur statut de région la plus dynamique et prometteuse du point de vue des investissements, contrôlant la quasi-totalité des sources de développement de la production des hautes technologies sans entreprendre d'efforts particuliers, les puissances postindustrielles ont replacé le monde évolué à l'endroit qu'il allait quitter à la faveur de son essor économique des années 80. Dans les années 70, le défi qui avait été lancé à l'Occident réclamait deux décennies de modernisation continuelle de l'économie des pays postindustriels; dans les années 90, une réponse avait suivi, peut-être pas très sensationnelle, mais par contre terriblement convaincante.

Chacune de ces crises a donné naissance à un groupe de pays marginalisés, rejetés loin à la périphérie du progrès économique mondial. Dans le premier cas, il s'agissait de pays fournisseurs de matières premières, surtout en Afrique, en Asie du Sud et en Amérique latine; les Etats membres de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), bien que se heurtant à de graves problèmes économiques, restaient le centre d'attraction de capitaux et tiraient de la vente d'or noir des revenus leur permettant de maintenir une croissance économique stable. Dans le second cas le coup a été porté aux pays dont les gouvernements avaient opté pour l'industrialisation accélérée et plus ou moins négligé la nécessité de muscler le marché intérieur et de passer progressivement à un paradigme postindustriel dans la politique de dévelopement des technologies et des investissements; il s'agissait des pays du Sud-Est asiatique et, dans une moindre mesure, d'Amérique latine. Dans chacun de ces deux cas on peut observer un phénomène marquant: ces crises ont même plus ou moins touché des géants économiques formellement ne figurant pas dans les “groupes à risque” mais en fait y appartenant. Dans le premier cas il est question de l'URSS; bien que la plupart des auteurs occidentaux étaient enclins à considérer l'Union Soviétique comme un exemple de pays industrialisé ayant atteint un niveau de développement assez élevé, dans les années 80, sa dynamique empmntait plutôt la voie suivie par les économies agro-extractrices que celle de l'économie industrielle qui à l'époque était en pleine expansion. Les événements ultérieurs ont entièrement confirmé que le modèle économique soviétique n'a en fait jamais cessé d'être préindustriel, demeurant inapplicable à l'autorégu-lation économique inhérente au système industriel et au modèle de société de consommation. Dans le deuxième cas, il convient de détacher le Japon qui était considéré comme un pays postindustriel tout comme l'Union Soviétique était classée parmi les Etats industrialités. En attendant, dans les années 90, le Japon a connu une évolution démontrant que de par le caractère de la tendance qui s'était dessinée, il se trouvait bien plus près de ses voisins d'Asie du Sud-Est que des Etats-Unis ou des pays européens; cela confirme qu'il n'a jamais été un exemple du modèle postindustriel dont les traits essentiels restent l'épanouissement de la personnalité, l'élévation du rôle de la science et la prédominance du secteur informatique dans l'économie nationale. La récession économique et l'éclatement de l'URSS ont donc été une conséquence de la première crise du système industriel tandis que le recul du Japon dans l'économie mondiale a été un résultat tout aussi logique de la deuxième.


L'analyse des deux crises systémiques du modèle économique industriel permet de formuler certaines hypothèses concernant le mécanisme de leur évolution. La première crise a montré qu'après une phase prolongée d'exacerbation de la situation (1973-1974 et 1978-1980), survient une période de réaction des pays occidentaux aux changements intervenus ( 1980-1992), réaction qui ne peut être rapide et réclame un certain temps. Après avoir procédé à cette transformation, les pays postindustriels peuvent recueillir le fruit de leur nouvelle position privilégiée dans l'économie mondiale, ce qui s'observe d'ailleurs ces dernières années. Il est fort probable (bien que nous ne puissions en aucun cas garantir la justesse de cette interprétation) que la nouvelle crise elle aussi sera prolongée et marquera le début d'une phase durable de transformation de l'ordre économique mondial. L'arrivée de la crise, en 1997-1998, a été le premier choc, comparable aux secousses des années 1973-1974, et, selon toute probabilité, il s'accompagnera d'une période relativement stable, pouvant s'étaler sur plusieurs années. Au cours de cette étape, les pays industrialisés et les Etats qui se rapportent traditionnellement aux marchés émergents, procéderont, avec l'assistance des pays occidentaux, à des mutations structurelles et s'emploieront à assainir leur système financier, sans connaître ni croissance économique rapide ni crises profondes. Cependant, cette étape s'achèvera par une brusque exacerbation de la crise, due à l'inadéquation flagrante des mesures prises aujourd'hui et à la décision des pays postindustriels de cesser de tenter de redresser la situation. A cette nouvelle crise (comparable aux événements de 1978-1980) s'ensuivra une période au cours de laquelle le monde occidental élaborera une nouvelle stratégie de coopération avec les régions retardataires. Pour ce qui est de savoir ce qu'elle sera, force est de constater ce qui suit: tout comme dans les années 80, les pays postindustriels ont appris pendant toute une décennie comment il fallait organiser